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En-quête de « gens » : accompagner des changements profonds

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Table des matières

Introduction 

Les méthodes et buts d’enquêtes, de collectes de données et de restitutions peuvent être défini·e·s en amont, mais iels sont aussi évolutifs·ves en fonction des rencontres réalisées sur le terrain. Après ces phases d’actions et de recherches, iels peuvent également être remodelé·e·s pour une potentielle restitution, voire pour imaginer une nouvelle forme de transmission.

Par le biais de mes créations-recherches, j’enquête, je collecte et je restitue le travail effectué à la fois pour les participant·e·s à la création de mes œuvres mais aussi pour le public qui le réceptionnera. Ce que je vise est une prise de conscience des participant·e·s et des spectateurs·trices en fonction d’un terrain ou d’un sujet particulier qui relève la plupart du temps d’axes mentaux (individu, psyché et psychologie), sociaux (collectif) et/ou environnementaux (Nature). Cela entre en résonance avec la notion d’écosophie1 d’Arne Naess et celle de Félix Guattari en 1989 dans son ouvrage Les Trois Écologies. Mon but est d’accompagner toutes personnes, les mémoires individuelles et collectives, vers des changements profonds pour tenter d’interroger, de semer des graines, de créer des relations de soin et déceler des guérisons possibles. À partir de trois de mes œuvres, Artvirus.network (2020 – 2023), Solitudes partagées (2019 – en cours) et GCO : Grand Contournement d’Opinion (2018 – 2022) ainsi que des références artistiques dont l’œuvre Corps commun (2016 – en cours) de Sarah Roshem, le documentaire Psychomagie, un art pour guérir (2019) d’Alejandro Jodorowsky, et Biodynamiser le parking (2019 – 2021) de Thierry Boutonnier, j’articulerai certains enjeux et discours. Je m’interrogerai, à travers la réalisation d’expériences, voire de rencontres, ainsi que la sauvegarde de celles-ci, comment nous pouvons accompagner des changements profonds, tels que des changements de comportements, d’habitudes, en passant des perceptions aux actions. Pour commencer, j’évoquerai la rencontre avec les « gens » comme expérience pour mettre en avant l’« en-quête » et sa sauvegarde, pour terminer avec la nécessité d’accompagner des changements profonds.

La rencontre avec les « gens »

« Personnes en nombre indéterminé2», elles sont fascinantes et ne cessent de nous enrichir quand nous les observons mais aussi lorsque nous les rencontrons. En se croisant, quelque chose se crée, un échange, comme le fait remarquer Paul Ardenne, quand « l’individuel rencontre le collectif, une telle collusion engendre cet effet bénéfice, salutaire, [pour] faire reculer l’indifférence3 ».

En effet, dans ma pratique artistique marquée par la sérendipité, je vais à la rencontre des « gens », je provoque parfois l’échange, ou je l’organise pour que les participant·e·s puissent s’interroger, extérioriser leurs sentiments, et qu’iels prennent conscience de leur environnement.

Par exemple dans l’œuvre Artvirus.network4, une installation vidéographique et sonore, des individus se rencontrent virtuellement lors d’un contexte particulier, celui de la COVID-19 et du premier confinement en France. Le contexte général m’a poussé à organiser des rencontres individuelles ou collectives, lors desquelles nous dansions via un logiciel de communication après la lecture immersive d’un de mes poèmes. Grâce à la danse contemporaine, les participant·e·s s’exprimaient par l’intermédiaire de leurs corps pour évacuer leurs émotions négatives afin de s’en libérer tout en partageant aussi leurs émotions positives. Ils tissaient des liens avec les autres personnes en créant parfois des correspondances chorégraphiques comme si nous étions tous·tes dans le même espace. À la fin de l’expérience, je récoltais leurs témoignages également en lien avec le contexte de la COVID. Ce travail s’est poursuivi durant les deux autres confinements français. Au total, Artvirus.network aura généré vingt et une sessions de danses avec vingt-neuf personnes différentes.

[Figure 1]

Solitudes partagées est une performance participative qui a été conçue à partir d’un contexte que j’ai imaginé et qui s’expose par la suite sous forme d’une installation vidéographique, photographique et sonore. Je souhaitais partager mes réflexions autour de l’écosophie, tout en créant un nouveau mot que j’ai nommé « ékairosophie ». Il est directement lié à la notion d’écosophie mais interconnecté également à l’instant décisif (mot grec kairos) de la performance, et de la notion de care (soin). J’ai proposé dans un premier temps à des ami·e·s de se réunir dans mon atelier en 2019 pour donner naissance à cette performance qui s’est ensuite réitérée en privé dans des ateliers, des résidences voire en public lors d’expositions. Cette recherche créative individuelle et collective invite chaque personne à choisir une étiquette, à la conserver pour soi et à prendre connaissance des éléments inscrits. À partir de celle-ci qui fait office d’incitation, débute ensuite une improvisation personnelle et collective pour créer et interagir, afin de s’interroger, de communiquer avec les autres et s’exprimer au sein de cette expérience. Une co-création émerge et relie les personnes entre elles, notamment des inconnu·e·s pour que chacun·e prennent conscience des liens sociaux qu’iel tisse. Cette expérience propose d’être en permanence en éveil afin d’être à l’écoute de soi-même, d’autrui et du lieu.

[Figure 2]

Le projet GCO : Grand Contournement d’Opinion a émergé d’un contexte personnel5 et correspond à une série d’œuvres de création-recherche que j’ai menée sur le terrain de 2018 à 2022. Le GCO, qui signifie Grand Contournement Ouest de Strasbourg, était un projet d’autoroute au coût faramineux, détruisant multiples forêts et terres agricoles. Cette infrastructure routière a finalement été mise en service fin 2021. Adieu, performance participative appartenant au projet GCO : Grand Contournement d’Opinion, s’est déroulée le 10 janvier 2021. Cette action artistique a eu lieu avant le goudronnage de l’autoroute avec neuf participant·e·s, chacun·e muni·e de pots vides. Iels ont marché de ma maison d’enfance jusqu’à l’autoroute en construction où je leur ai demandé de choisir un objet qu’iels ont trouvé pour l’enterrer dans un pot et l’ensemencer avec des graines de coquelicot. De retour au point de départ, j’ai réalisé des interviews individuelles enregistrées en guise de retour d’expérience avant que chacun·e ne reparte chez soi pour faire pousser les semences. Ici, la rencontre a été double : d’une part entre les personnes qui ne se connaissaient pas et d’autre part avec l’autoroute en construction qu’iels n’avaient pour la plupart d’entre eux·elles jamais vu·e·s d’aussi près. En vivant pleinement l’expérience et en étant en immersion sur le terrain, chacun·e a pu s’interroger et se rendre compte du changement.

[Figure 3]

J’aimerais mettre ces œuvres en relation avec le travail de Sarah Roshem qui m’inspire par son art dit « utile », et notamment curatif. Elle planifie des expériences nécessitant une intervention relationnelle avec les spectateurs·trices. Corps commun6 (2016 – en cours) consiste en un ensemble d’œuvres qui peuvent s’activer par la présence d’un·e spectateur·trice et/ou être suspendues au mur pour une exposition. Cette expérience sociale crée du lien tel que dans Bee Wave, où les participant·e·s sont interdépendant·e·s des mouvements des autres en étant dans des alvéoles élastiques souples individuelles. Par cette réflexion autour de la foule et cette déambulation collective, ce dispositif permet donc de prendre conscience d’autrui, de s’adapter à la marche de chacun·e tout en participant à une création de liens sociaux.

Ainsi comme l’explique Ophélie Naessens dans son ouvrage Portraits Parlants dans l’art vidéo, La parole vivante dans les pratiques artistiques des années soixante-dix à nos jours7, « à partir d’un questionnement initial, l’artiste va à la rencontre de l’autre afin d’ “éprouver” avec lui cette interrogation8 ». Je vais effectivement à la rencontre de « situations relationnelles9 »  et je propose aux participant·e·s de se réunir à travers une expérience10. En faisant référence à Paul Ardenne, la rencontre avec les « gens » dépend du contexte de l’expérience (générale, particulière, personnelle voire évènementielle) et dont le terrain à explorer peut être numérique, artistique ou politique. En participant à une mise en situation/expérience sociale, la personne s’adapte et vit pleinement l’action qu’elle pourra ensuite analyser et comprendre devant ma caméra dans le cadre de ma pratique artistique.

De l’« en-quête » à sa sauvegarde 

En donnant et recevant, chaque participant·e constitue l’expérience artistique en expérimentant corporellement et intellectuellement la rencontre. De mon point de vue, être « en-quête de gens », signifie être ouvert·e à toutes rencontres mais aussi à relier les personnes à une enquête plus globale. Je cherche à comprendre les fonctionnements, les ressentis et vécus de chacun·e. C’est pourquoi en enregistrant ces expériences de rencontres et les témoignages qui suivent, cette récolte de documents photographiques, filmiques et/ou sonores me permet de les analyser étape par étape en fonction du sujet et du terrain, du temps et de l’espace. Ultérieurement, je peux transmettre ces traces auprès d’un public car comme l’énonce l’historienne et professeure Anne Klein, les archives servent « à quelque chose : prouver, témoigner, informer11 ». L’art documentaire12 démontre donc une société en perpétuelle transformation.

Dans le cadre d’ Artvirus.network, les rencontres dansantes entre les personnes m’ont permis de réaliser à la fin de l’expérience des interviews. Je me suis positionnée comme une oreille, une « [passeuse] de paroles », terme employé par Ophélie Naessens pour créer une autre occasion de s’exprimer librement. Chaque participant·e tentait de traduire verbalement ce qu’iel a ressenti en dansant et ce qu’iel a voulu exprimer par l’intermédiaire de son corps et des émotions qui le·la traversaient. Ces témoignages permettent de saisir l’évolution de la situation13 et l’on remarque que les discours ont changé entre les confinements. Cette œuvre inclut également une collecte de témoignages audio que j’ai réalisée en parallèle. Des personnes testées positives à la COVID-19 s’enregistraient pour raconter leur vécu, les émotions qu’iels ont ressentis et leurs symptômes. Cette expérience d’enquête m’a permis de concevoir une banque de données émotionnelle du confinement en recensant aussi divers symptômes du virus et des non-dits qui peuvent se cacher derrière des peurs.

[Figure 4]

Lors des Solitudes partagées, les participant·e·s se confrontent à une expérience qui les fait sortir de leur zone de confort. En analysant les divers témoignages filmiques ou écrits, j’ai remarqué de la gêne au départ, puis de l’amusement et de la libération. « On se croirait dans un asile de fous » a même déclaré un·e participant·e durant une expérience. Voir, sentir et produire, leur a permis d’imaginer une trame narrative ou non, en fonction de l’étiquette choisie. En filmant ces témoignages individuels ou en récoltant des traces écrites, je peux sonder ce qu’il s’est passé pour chacun·e d’entre eux : ce qu’iels ont pensé, effectué et éventuellement à quelles émotions iels ont été confronté·e·s durant l’expérience. La mémoire individuelle s’écoute et se croise avec la mémoire collective comme preuve d’une expérience « ékairosophique14 ».

[Figure 5]

Au début de mon enquête sur le GCO : Grand Contournement d’Opinion, j’avais interviewé des personnes favorables, défavorables à la construction de l’autoroute, mais aussi des personnes qui ne se positionnaient pas. Après la performance Adieu certain·e·s participant·e·s avaient envie d’agir pour défendre la « nature » mais c’était trop tard dans le cadre de la construction de cette autoroute. La transformation du paysage et les opinions croisées ont donc permis de saisir l’impact de cette infrastructure.

[Figure 6]

Dans chacune de ces œuvres, « la mémoire est archivée, documentée15 » . Cet art documentaire repense « les archives comme objet social16 » et permet d’analyser des récits de vie (psyché/psychologie), également individuels comme « cheminement thérapeutique ou […] recherche scientifique17. L’« artiste intervieweur18 » se positionne en tant qu’« intercesseur19 » en ayant « une posture de “neutralité bienveillante” pour reprendre l’expression de Freud20 » qu’emploie Ophélie Naessens. Écoute et confiance s’allient lors de l’échange « dans une orientation non-directive21 » et profonde. C’est pourquoi, j’ai souhaité faire un parallèle avec le documentaire Psychomagie, un art pour guérir22 d’Alejandro Jodorowsky. L’artiste « thérapeute » aide le·la patient·e à déterminer ses blocages pour proposer une rencontre magique avec lui·elle-même lors d’une expérience libératrice. Les traces des actions performatives sont documentées par la caméra avec notamment des témoignages de patient·e·s enregistrés après expérience.

Ainsi la rencontre avec des « gens » permet l’« en-quête » et sa sauvegarde pour analyser ces créations-recherches entre mémoire individuelle et collective. Comme le mentionne Laurent Demanze, « l’enquête a […] pour ambition d’aller ausculter les dysfonctionnements du corps social, d’en interroger les symptômes, d’en préciser les diagnostics23 ». Dans ma pratique d’artiste plasticienne et chercheuse, je tends vers ce que j’ai nommé un « art relais », qui me permet de tisser des liens entre les pôles sociaux, mentaux et environnementaux.

La nécessité d’accompagner des changements profonds

Un art relais entre l’artiste, les participant·e·s et le public, tisse un dialogue également entre passé, présent et futur. Ces expériences relationnelles, de danses, de marches, de créations, etc. et les témoignages récoltés, permettent d’être en action directe avec autrui. Il s’agit de la nécessité d’accompagner, voire de s’engager dans une forme d’« artivisme ». Annelies van Noortwijk témoigne de « ces documentaires [qui] manifestent donc un intérêt renouvelé pour le soi, et, par effet de miroir, pour l’autre, déplaçant ainsi leurs frontières respectives et participant de manière neuve à faire valoir une vision humaniste qui nous enjoint à agir : à voir, à entendre, à toucher et à soigner24 ». En effet, je me positionne en tant qu’observatrice « in vitro » et « in vivo25 » en me confrontant au déroulé de l’expérience individuelle ou collective qui fait émerger des données sensibles. Je fonctionne tel un catalyseur qui accompagne les « gens » vers des changements profonds qui peuvent être de l’ordre de changements de comportements, d’habitudes, en passant des perceptions aux actions. Je prête une attention particulière à une forme de soin grâce à l’écoute et au dialogue. Sur du court terme ou du long terme, cela peut être un acte thérapeutique, voire un soulagement ou une éventuelle guérison. Ce que je qualifie donc de transformations profondes à accompagner, correspond également à nos défis sociétaux actuels, dont les objectifs du développement durable, qu’ils soient locaux ou globaux.

D’une part, durant les rencontres individuelles ou collectives, les expériences suscitent des actions immédiates et une forme d’adaptation, de résilience pour un possible soin. De l’enquête à sa sauvegarde, Artvirus.network m’a permis d’accompagner les problèmes psychologiques et sociaux qui émergeaient d’une trentaine de personnes, venant de France ou de l’international, durant les trois confinements français. Il s’agissait par exemple de peurs, de dépressions, de culpabilités, voire de joies d’être chez soi ou d’un retour à plus de libertés lors des confinements « allégés ». D’autre part, pour Solitudes partagées, on ne sait pas ce qui peut arriver durant cette performance. Elle dépend de la diversité des personnes (personnalités, etc.), des lieux (public ou privé) ou la présence d’un public (regard d’autrui). La caméra sauvegarde les traces de l’expérience « ékairosophique », où chacun·e prend conscience, s’interroge et se transforme en s’adaptant et se libérant. Une personne a par exemple témoigné de son expérience comme étant légère, libératrice mais aussi parfois inhibante. Une autre personne a trouvé l’expérience tendue et artificielle au début, tandis qu’un autre témoignage retrace que l’expérience lui a permis d’apprendre des choses sur soi. Par ailleurs, Adieu a contribué à la prise de conscience des participant·e·s, notamment de l’impact que cette autoroute a sur l’environnement mais aussi sur soi en découvrant les transformations du paysage. En exposant les quatre années de créations-recherches sur un sujet et terrain précis, le processus d’enquête du GCO : Grand Contournement d’Opinion m’a permis d’accompagner l’acceptation de cette douloureuse transformation. J’ai également aidé les visiteurs·trices de l’exposition « Unisson26 » à se libérer par la parole, en triant leurs émotions et leurs souvenirs personnels, tout en prêtant attention aux vécus collectifs.

[Figure 7]

Cependant, prendre conscience nécessite du temps tout comme l’acceptation et le changement. L’œuvre Biodynamiser le parking27 débutée en 2019 par l’artiste Thierry Boutonnier lors de sa résidence à Lyon fait écho avec ces transformations urbaines. La place « Perdtemps » est devenue grâce à son dispositif un lieu de rencontres qui met en avant l’artificialisation des sols et sous-sols. En organisant des activités (faire des carottes du parking, pratiquer le yoga, etc.), l’artiste dynamise un questionnement où la voiture règne et où la biodiversité manque. Quelle est notre place en tant qu’humain ? Quels liens décidons-nous de créer dans un espace public avec notamment les animaux et la Nature ? Réussirons-nous à biodynamiser, réparer et changer nos habitudes ? La participation et la réception de ces œuvres dans des espaces d’exposition peuvent aussi immerger et toucher par une anthologie de sensations28. Comme l’analyse Daniel Vander Gucht, les narrations personnelles ou collectives, voire fictionnelles se mélangent.

Ainsi, saisir les transformations, croiser les temporalités et les espaces, reviendrait à questionner notre monde, l’éthique et la politique29. Pour rebondir sur la « vision humaniste qui nous enjoint à agir : à voir, à entendre, à toucher et à soigner30 », l’artiste comme tout citoyen·ne peut « relier les choses qui sont reliées31 » en pensant de manière complexe à la manière d’Edgar Morin. Les artistes peuvent accompagner toutes personnes pour créer des changements profonds en chacun·e de nous. Les effets bénéfiques des arts, comme le témoigne Pierre Lemarquis, « nous entraînent dans des zones inexplorées de notre psychisme, élargissant notre vision intérieure mais également la représentation que nous nous faisons du monde. Ils nous transforment, de façon parfois profonde, et parviennent à nous guérir. Il en est de même de toute activité artistique, voire de toute interaction avec le monde qui nous entoure32 ». Par le care nous pouvons sans doute reconsidérer nos relations d’interdépendance et prendre du recul pour regarder simultanément vers l’intérieur et l’extérieur. En alliant art et care, accompagner est un engagement dans l’évolution des mentalités pour apporter des modifications profondes et conscientes.

Conclusion

Pour conclure, en pensant et pansant33, accompagner des personnes provoque des prises de conscience pour soigner des plaies déjà entrouvertes. La « parole vivante » comme « appel à l’autre34 », peut éveiller tous les citoyens et toutes les citoyennes du monde qui souhaitent l’entendre. Comme précédemment démontré dans le cadre de mes œuvres et de celles d’autres artistes choisis, nous pouvons constater certains dysfonctionnements mentaux (changements/perturbations), sociaux (perte de lien) et environnementaux (perte de contact), tout comme des symptômes (peurs, isolements ou déconnexions). Par un processus de créations et d’expériences, il est possible de créer des mises en situation de libération, d’interrogation, d’acceptation et un diagnostic peut éventuellement être mis en avant. Grâce à la réalisation d’expériences, voire de rencontres, ainsi que la sauvegarde de celles-ci, nous pouvons accompagner des changements profonds, tels que des changements de comportements, d’habitudes, en passant des perceptions aux actions. Cependant, des limites peuvent apparaître notamment à cause de la taille de l’échantillon, l’échelle et le contexte, tout comme l’ouverture aux autres (degré de sociabilité) mais aussi la durée de l’expérience (court-terme et/ou long terme). Est-il vraiment possible de toucher tout le monde ? Si des effets sont observables immédiatement après expérience, qu’en restera-t-il par la suite ? Ces transformations sont-elles bien réelles et quantifiables ?

Citer cet article

Laurine Wagner, « En-quête de « gens » : accompagner des changements profonds », [Plastik] : En-quête de terrains : l’art de croiser les “gens” #17 [en ligne], mis en ligne le 24 septembre 2025, consulté le 08 novembre 2025. URL : https://plastik.univ-paris1.fr/2025/09/24/en-quete-de-gens-accompagner-des-changements-profonds/

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