Etre ici et là : La relativité générale et la physique quantique – Editorial
Olga Kisseleva et Richard Conte
Nr 01 . 20 juin 2010
Le premier volume de Plastik en ligne rassemble et confronte les expériences d’artistes qui illustrent, complètent et enrichissent un des débats les plus importants de la physique actuelle, qui demeure l’incompatibilité de la théorie quantique et de la relativité générale. La relativité générale est une théorie géométrique de la gravitation, intégrée à de nombreuses applications ; ainsi le GPS, dont l’algorithme de correction temporelle incorpore une des équations de la relativité générale. Si elle est capable de décrire l’Univers à grande échelle, la relativité générale en revanche ne s’accorde pas avec le Modèle Standard (et ses extensions) de la physique des particules. La physique quantique, quant à elle, décrit l’Univers à l’échelle microscopique, et s’appuie sur la notion de dualité onde-corpuscule (les particules élémentaires se comportant tour à tour comme particules et des ondes). Les forces fondamentales sont véhiculées par des « particules d’énergie », ou quanta d’interaction. Les applications de la physique quantique sont omniprésentes dans la société post-industrielle, notamment à travers le transistor, élément fondamental des ordinateurs et de toutes les machines électroniques, mais également dans le laser et les nanotechnologies.
Certaines théories innovantes, comme la théorie quantique de la gravitation, la théorie des cordes et ses extensions, marquent aujourd’hui une nouvelle façon d’envisager la description du monde. L’utopie consiste à unir les deux piliers de la science les plus évolués et les plus aptes à expliquer l’Univers. De cette manière, il serait possible de réaliser le rêve de tous les physiciens, celui d’unifier en une seule théorie l’équation ultime pouvant expliquer à elle seule tout l’Univers.
Tout comme les physiciens, certains artistes tentent d’interpréter l’infiniment grand, alors que les autres bâtissent leurs œuvres à partir de l’infiniment petit. Les approches épistémologiques et les moyens plastiques employés par les artistes pour atteindre ces objectifs sont radicalement différents.
Les artistes sont concernés aujourd’hui par les applications de média locatif, tout comme par des questions d’énergie, de champ électromagnétique et des conséquences de la courbure de l’espace-temps. Indépendamment des collaborations directes avec les scientifiques, les avant-gardes artistiques de toutes les époques se sont confrontées au progrès des sciences et des techniques, ainsi qu’à celui des langages qui se créent inévitablement à leurs usages. C’est le même type d’artiste qui cherche aujourd’hui comme hier, la spécificité artistique des découvertes scientifiques, les possibilités de combinaisons et d’hybridation entre l’art et la science. Les sciences ont une influence active sur l’art, mais à leur tour elles sont décryptées, explorées, détournées et influencées par les artistes. Les rapports entre l’art et la science, que nous souhaitons analyser à travers cette publication, peuvent prendre une forme de : collaboration entre artistes et scientifiques – appropriation et exploration par les artistes des procédés scientifiques – analyses et exploration des découvertes scientifique à travers des œuvres plastiques – propositions plastiques en résonances avec les problématiques scientifiques – recherches scientifiques basées sur une hypothèse formulée à travers une œuvre d’art.
Citer cet article
Olga Kisseleva et Richard Conte, « Etre ici et là : La relativité générale et la physique quantique – Editorial », [Plastik] : Être ici et là : La relativité générale et la physique quantique #01 [en ligne], mis en ligne le 20 juin 2010, consulté le 30 décembre 2024. URL : https://plastik.univ-paris1.fr/2010/06/20/etre-ici-et-la/ ISSN 2101-0323