L’air et l’enquête sur l’imaginaire du souffle Phrenos. Un entretien avec le médecin pneumologue Jean-Philippe Santoni. Fondation du Souffle, Paris
Filomena Borecka
Nr 10 . 19 janvier 2022
Table des matières
Introduction
L’enquête sur l’imaginaire associé au souffle intitulée Phrenos – la Banque du Souffle 1 est étroitement liée à ma sculpture pénétrable sonore et participative éponyme, réalisée en 2011 en collaboration avec le plasticien designer Bruno Dubois, et exposée et enrichie par des nouvelles participations à chaque nouvelle exposition. La perception de la respiration au quotidien se trouve au cœur de cette enquête. Les gens de tous les horizons, de milieux sociaux, générations et pays différents ont répondu, souvent d’une façon sincère, personnelle et parfois même intime. Les témoignages recueillis sont à la fois forts, authentiques mais parfois aussi banals. Si certaines réponses sont banales, c’est parce que les questions de départ nous interrogent sur les rythmes souvent ordinaires de nos vies. Elles nous renvoient à la quotidienneté pendant laquelle la fonction vitale autorégulée de la respiration est prise comme acquise et fonctionne de façon instinctive. Et c’est justement là, où réside le sens de ce questionnement : susciter une attention à ce qui peut paraître à premier égard banal ou ordinaire. Le fait de s’attarder sur la perception du souffle nous amène mine de rien sur un terrain existentiel et essentiel. Cela nous invite à nous interroger sur la dimension spirituelle de notre existence. L’élément Air – la « nourriture » invisible qui nous tient en vie et nous relie les uns aux autres dans la gratuité de son échange. Avec la prise de conscience du souffle on pense à la vie mais aussi à sa finitude. On touche une dimension spirituelle de l’existence humaine et pour un petit moment on sort de l’évidente routine quotidienne et de la façon automatique d’agir. Comme le note Luce Irigaray :
« […] devenir spirituel par la pratique des souffles […] Dans ce devenir, le corps ne se sépare pas du mental, la conscience n’est pas domination de la nature par un habile savoir-faire. Elle est éveil progressif de tout l’être par la conduite du souffle des centres de la vitalité élémentaire aux centres plus spirituels : du cœur, de la parole, de la pensée. »2
[Figure 1]Comment les gens vivent leur « souffle » au jour le jour ? Lors de l’enquête sur l’imaginaire associé au souffle Phrenos – la Banque du Souffle, il s’agit de trouver des réponses et de recueillir des données qualitatives de publics divers : enfants, adolescents, adultes, seniors, afin de pouvoir rendre compte d’une dynamique représentationnelle du souffle et d’un constat sur le vécu et le ressenti du souffle.
Les contenus sont abordés grâce à la progression des énoncés des questions et sont regroupées en cinq champs thématiques.3 Je les ai élaborés en étroite collaboration avec les sociologues Frédéric Lebas, Stéphane Hugon et la sophro-thérapeute Monique Puissais. Nous avons essayé de « géographier » et de rendre visible ce souffle commun et collectif suite à la collecte des témoignages.
« Les questions posées ont pour intention de révéler les non-dits qui circulent autour de la notion de souffle. Une dimension vécue dans notre chair que rarement nous verbalisons. Autrement dit, ces évocations poétiques et images mentales, ces ‘‘correspondances’’ au sens baudelairien du terme entre nos états émotifs, affectifs, et les manifestations somatiques, ont été recueillis aux creux des mots : c’est en elles que se logent nos mondes intérieurs imaginaires. L’enjeu étant de tenter de rapatrier le souffle dans le domaine de l’intelligible et de l’aperception – perception accompagnée de réflexion et de conscience – et de restituer, autant que faire se peut, leur dimension sociétale. » 4
[Figure 2]A l’occasion des expositions de Phrenos, nous avons présenté les différents états des lieux de ce recueillement partagé autour du souffle. Ce dernier a été toujours précédé par une diffusion de l’œuvre et de l’enquête. Après avoir fait l’expérience de l’habitacle sonore Phrenos, les spectateurs qui l’ont souhaité ont pu donner leur témoignage sur leur perception du souffle. Une sélection de verbatim allant des plus représentatifs aux plus singuliers prend la forme d’une carte heuristique.
[Figure 3]
Jean-Philippe Santoni, pneumologue, en conversation avec Filomena Borecka.
Filomena Borecka : Il se trouve que depuis dix ans j’interroge l’imaginaire lié au souffle et à la perception de la respiration au quotidien avec Phrenos – la Banque du Souffle, une sculpture pénétrable et participative. Dans les réponses de différents publics, on constate que la prise de conscience du souffle s’effectue le plus souvent dans des situations extrêmes. Que pensez-vous du fait qu’on ne prenne conscience de son souffle que dans des situations limites ?
[Figure 4]Jean-Philippe Santoni : Nous respirons tous en moyenne 15 fois par minute, c’est à dire 15 inspirations et expirations par minute. C’est un peu comme les battements cardiaques, nous n’y pensons pas, nous le faisons spontanément, c’est le contrôle cérébral qui permet cette respiration. Les enfants respirent un peu plus vite donc un peu plus de respirations par minute. Cette respiration permet d’inhaler environs 15.000 litres d’air par jour et plus, en cas d’activité physique intense ou d’activité sportive. C’est un volume d’air très important qui va permettre les échanges gazeux au niveau du poumon, c’est-à-dire le transfert de l’oxygène dans le sang qui va ensuite le transporter vers les tissus et l’expulsion du gaz carbonique qui est produite par l’organisme donc un phénomène vital. Nous reviendrons sur ce point.
Pourquoi les gens prennent-ils conscience de leur souffle dans des conditions extrêmes ? Probablement parce qu’il faut que l’organisme souffre pour qu’il prenne conscience du phénomène. Il y a des expressions populaires qui l’expriment bien : « être à bout de souffle », « atteindre son dernier souffle ».
Chez les gens qui souffrent de maladies respiratoires et qui atteignent le stade d’insuffisance respiratoire et en particulier le stade d’insuffisance respiratoire terminale, la souffrance respiratoire est perceptible, parce que c’est comme la douleur. Il faut avoir mal pour avoir conscience qu’on a un corps. Il faut avoir mal au genou pour se rendre compte qu’on a un genou, sinon la plupart du temps on le fait fonctionner sans y penser. Cette souffrance respiratoire est la conséquence d’un essoufflement, le terme médical est dyspnée – du grec « dispnéin » 5 – mal respirer.
La dyspnée est très anxiogène, elle est souvent encore plus angoissante qu’une simple douleur, parce que les patients ont un sentiment de mort imminente. Les asthmatiques en crise grave ont ce sentiment de mort imminente. Les malades qui sont atteints de fibrose pulmonaire en stade terminal ont ce sentiment de mort imminente. Ils ont une perception du manque de souffle plus que du souffle. La souffrance respiratoire peut être comparée à la douleur, mais elle est génératrice de plus d’anxiété et d’angoisse de mort imminente que la douleur.
F. B. : Pourquoi les gens oublient-ils leur souffle ?
J-P. S. : Quand on va bien, la respiration se fait sous le contrôle du système nerveux. Nous avons la possibilité d’influencer ce système et d’arrêter de respirer, c’est ce que nous appelons se mettre en apnée. Les plongeurs le font beaucoup, mais le contrôle cérébral va toujours finir par reprendre le dessus, parce que au bout d’un moment le taux de gaz carbonique dans le sang (le CO2) devient trop élevé et il lève le contrôle volontaire faite par la personne pour reprendre le contrôle automatique et reprendre la respiration de façon à diminuer ce taux de gaz carbonique qu’on appelle une hypercapnie. L’être humain a la possibilité d’intervenir sur le contrôle spontané de la respiration ; soit en bloquant sa respiration ; soit en accélérant sa respiration – en hyper-ventilant. Mais en cas de danger, lié à taux de gaz carbonique trop élevé, ou à un taux d’oxygène insuffisant le contrôle automatique va reprendre le dessus.
F. B. : Quand vous mentionnez que nous avons la possibilité d’influencer ce système et d’arrêter de respirer, je m’interroge – la question peut paraître étrange : est-il déjà arrivé qu’un humain se meurt uniquement en arrêtant volontairement de respirer ?
J-P. S. : On peut essayer de se suicider en arrêtant de respirer, mais si on le fait dans une pièce où il y a suffisamment d’oxygène on n’y parviendra pas. Parce qu’il va y toujours avoir le contrôle automatique de la respiration. Il est déterminé par le cerveau et il va reprendre le dessus sur le contrôle volontaire de la respiration. Malheureusement, certains y parviennent en se mettant sous l’eau – c’est le suicide par noyade, où par strangulation – c’est le suicide par asphyxie par écrasement de larynx.
Faut-il en passer obligatoirement par la violence et la douleur ? Ne peut-on pas arrêter de respirer tout simplement de soi-même ?
J-P. S. : Non, ça c’est la mort naturelle où l’on va arrêter de respirer simplement, le cœur s’arrête tout seul, la respiration s’arrête naturellement.
Lors de notre premier rendez-vous, je vous ai présenté mon enquête sur l’imaginaire associé au souffle Phrenos – la Banque du Souffle qui compte aujourd’hui plus de 2000 réponses. Une de ces réponses a attiré particulièrement votre attention : « Le souffle, c’est la vie ». Pourquoi ?
[Figure 5]J-P. S. : Parce que « Le Souffle c’est la vie » est la devise de la Fondation du Souffle. C’est une fondation de recherche reconnue d’utilité publique, qui a trois missions. La Fondation ne fait pas elle-même de la recherche, mais elle lève des fonds pour financer la recherche sur les maladies respiratoires, avec un outil qui est le Fond de Recherche en Santé Respiratoire et un conseil scientifique indépendant. La deuxième mission est l’aide sociale aux malades en grande précarité et la troisième mission c’est la prévention et l’information du public. La France possède un excellent système de soins, l’un des meilleurs au monde, mais le maillon faible de notre système de santé c’est la prévention.
La Fondation du Souffle répond donc à un enjeu de santé publique. Et « Le Souffle est la vie », c’est la devise de la Fondation, parce que, quand le souffle s’arrête, la vie s’arrête. Quand le souffle va mal la vie va mal, c’est la souffrance respiratoire et la « douleur » respiratoire associée à une anxiété.
En revanche « Le Souffle c’est la vie » est bien illustré dans de multiples circonstances : quand l’enfant naît c’est « le premier souffle ». Le malade en arrêt cardiaque, en état de mort apparente, qu’on va réussir à réanimer, le premier signe qu’on va entendre c’est sa respiration qui reprend. Et, à contrario, la mort c’est « le dernier souffle », toutes ces expressions populaires témoignent bien de l’observation empirique de l’importance du souffle pour la vie qui a été faite dans les siècles précédents.
F.B.
« Chaque fois que nos poumons se gonflent lorsque nous inspirons, c’est bien sûr l’Air invisible et illimité qui nous traverse. Ce souffle qui englobe le Cosmos en son entier, il nous anime aussi, il nous fait vivre. Nous l’aspirons, nous l’expirons, après nous en être comme nourris. […] exactement comme l’Air invisible et illimité englobe le Cosmos, engendre tous les Éléments, et tout ce qui existe, soit par sa raréfaction, soit par sa condensation, de même l’Air invisible nous traverse, nous anime, nous fait vivre et notre Âme nous soutient. Privé d’Air un homme cesse d’être soutenu à la vie, il meurt. L’Âme est un Souffle qui nous anime, qui nous soutient à la vie. » 6 Le philosophe présocratique Anaximène désigne l’air comme origine principielle et la matière de toute chose y compris de l’humain. Il affirme que sans l’air on n’existe pas. Qu’est-ce que vous en pensez ?
[Figure 6]J-P. S. : Nous avons des racines gréco-romaines très importantes, et bien illustrées en médecine. Les Grecs et les Romains ne connaissaient peut-être pas la nature de l’oxygène, mais ils la pressentaient. Ils observaient beaucoup les phénomènes naturels et les philosophes grecs notamment connaissaient l’importance de l’harmonie de l’être humain avec le cosmos et comprenaient l’importance du souffle pour la vie.
F.B. Que peut-on faire pour préserver au mieux cet atout précieux qu’est le souffle ?
J-P. S. : C’est une question très importante à laquelle nous nous attelons quotidiennement à la Fondation du Souffle. Un des principaux agresseurs du souffle est la mauvaise qualité de l’air, c’est la pollution. Il y a plusieurs sortes de pollutions. Il y a bien-sûr une pollution atmosphérique extérieure, mais il y a aussi une pollution intérieure qui est souvent cinq à huit fois plus importante que la pollution extérieure.
On n’oublie trop de le dire, mais le principal polluant domestique chez le fumeur, c’est la fumée. Le tabac produit des composés organiques volatiles, des substances cancérigènes à l’instar de certaines sources de pollution atmosphériques. Le tabac et la pollution atmosphérique externe sont les deux grands agresseurs du souffle.
Il faut mener un double combat ; un premier combat pour essayer de réduire, voire de supprimer les sources de pollutions, mais il ne faut pas mentir aux gens ; il faudra probablement une génération, voire plus, pour supprimer toutes les sources de pollution qui sont multiples. Elles sont liées à l’automobile, au transport routier en particulier, mais pas seulement au diesel. Certains moteurs récents à injection directe sont polluants car ils produisent des particules ultrafines. Les camions, les scooters et les motos sont aussi source de pollution et il y en a beaucoup au milieu urbain.
Une deuxième source de pollution est liée aux chauffages urbains au fioul ou au gaz, mais particulièrement les chaudières au fioul mal réglées. Une troisième source de pollution est la pollution agricole avec les épandages ou les techniques de brulages. Les feux de forêt et les feux de broussailles qui se produisent tous les étés en France, en particulier dans la moitié Sud, sont une grande source de pollution.
Le transport maritime est aussi une grosse source de pollution. Dans les villes portuaires, les bateaux et les ferries ont l’habitude de garder leurs chaudières allumées et génèrent ainsi une importante pollution.
Les sources de pollution sont multiples et s’il faut prendre des mesures contre le diesel, il ne faut pas faire croire aux gens que juste en supprimant les voitures diesel on supprimerait la pollution. Il faut supprimer aussi les autres sources de pollution. Cela prendrait beaucoup du temps.
Le deuxième axe à mener en parallèle est la recherche. Elle est essentielle pour diminuer l’impact néfaste de la pollution sur notre santé, en particulier notre santé respiratoire, mais aussi notre santé cardiovasculaire. La pollution touche en premier lieu les poumons, parce que c’est le premier filtre de l’air que nous respirons, mais elle passe aussi dans le sang et par ce biais elle est génératrice de maladies cardiovasculaires, neurologiques, probablement de maladies métaboliques ou d’aggravation de maladies métaboliques comme le diabète. Il faut que nous puissions financer la recherche sur des médicaments, des suppléments vitaminiques, des dispositifs médicaux, afin de diminuer les effets néfastes de la pollution que nous allons continuer à subir.
F.B. A titre individuel que peut-on faire pour préserver son souffle ? Comment faire pour ne pas s’exposer à la pollution ?
J-P. S. : Vous avez raison, nous avons abordé les mesures collectives de préservation du souffle et d’amélioration de la qualité de l’air, mais il y a aussi beaucoup de mesures individuelles bénéfiques et l’évitement de comportements individuels néfastes.
La première mesure est la lutte contre le tabagisme. La France possède un triste record, nous sommes en Europe les médaillés d’or du pourcentage de fumeurs réguliers avec 34% de fumeurs, à égalité avec la Grèce et la Croatie. Cela n’est pas une bonne performance quand vous comparez à l’Angleterre qui est à 20%. Il faut absolument maintenir et accentuer la lutte contre le tabagisme. Il est faux de dire que le tabagisme rapporte plus à l’Etat qu’il ne coûte. Le tabac coûte à l’Etat environ 120 milliards d’euros en coût sanitaire et sociétaux par an, alors qu’il ne rapporte que 14 milliards de taxes.
Une autre recommandation bénéfique est de bien aérer son logement aux heures fraîches de la journée, tôt le matin et tard le soir, en particulier quand on vit en milieu urbain.
Même en cas de pic de pollution, il faut continuer à sortir et avoir une activité physique régulière et modérée, à distance des axes de fort trafic. Préférablement dans les bois et les parcs ; en France la plupart des grandes villes possèdent de grands parcs ; le parc de la Tête d’Or à Lyon, le Parc Borély à Marseille, le Bois de Boulogne et le Bois de Vincennes à Paris, par exemple.
F.B. Que pensez-vous du yoga ? Est-ce que sa pratique favorise-t-elle une meilleure hygiène respiratoire ?
J-P. S. : Le yoga, mais également d’autres techniques de relaxation en provenance des pays d’Asie peuvent être utiles pour un bon contrôle de la respiration. Ce sont des techniques qui permettent d’avoir une respiration plus harmonieuse. Je ne suis pas sûr que ces techniques, yoga et autres, aident à avoir une meilleure musculature respiratoire et la musculature respiratoire est importante. Vous avez conçu une sculpture qui s’appelle Phrenos dont le nom grec a donné « diaphragme », qui est le principal muscle respiratoire et il en existe d’autres ; nous avons une musculature péri-bronchique d’une part qui permet la contraction et la dilatation des bronches avec le tissu élastique qui l’entoure, mais nous avons aussi une musculature thoracique intercostale importante pour le contrôle de la respiration. Pour maintenir et développer cette musculature, il est important de pratiquer une activité physique régulière. Certains sports comme la marche nordique, la natation, le cyclisme sont très bénéfiques pour l’amélioration de cette musculation.
F.B. La marche nordique sollicite davantage les bras que la marche normale. Permet-elle d’ouvrir plus la cage thoracique ?
J-P. S. : L’intérêt de la marche nordique est qu’elle va permettre de muscler non seulement les membres inférieurs mais aussi le thorax. Les muscles du thorax participent de façon importante à l’optimisation de la respiration. Outre la marche nordique, d’autres sports comme le ski de fond ont ce bénéfice-là.
F.B. Existe-t-il en France des lieux favorables aux personnes souffrant de maladies respiratoires et dont les conditions climatiques sont idéales pour une bonne respiration ?
[Figure 7]J-P. S. : La qualité de l’air est moins bonne dans les zones urbaines à forte concentration et à forte activité humaine. Elle est moins bonne dans les zones industrielles, qui se trouvent quelques fois en périphéries des villes. Un exemple souvent cité est celui de Fos sur Mer près de Marseille ou de Feyzin près de Lyon.
La qualité de l’air est en général meilleure à la montagne, en altitude et sur la mer. Pour prendre l’exemple de la montagne, c’est une observation qui n’est pas récente puisque avant l’existence des antituberculeux on essayait de soigner les tuberculeux en les envoyant dans des sanatoriums qui étaient toujours dans les régions montagneuses.
Mais certaines vallées montagneuses peuvent aussi être très polluées, comme la vallée de l’Avre, en raison d’activités industrielles et du transport routier.
F.B. Permettre à tous les humains de bien respirer exigerait d’offrir à tous un environnement propre exempt de pollution atmosphérique afin de bénéficier d’une qualité de vie plus saine. Cela rendrait possible ce qu’on nomme le BIB, bonheur intérieur brut.7 On lit, dans le projet de loi sur l’air de 1996 : « chacun a le droit des respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ».8 Mais comment mettre cela en œuvre ? Cela pose la question de la limitation des intérêts privés au nom du bien commun. Cela met en jeu la pratique de la démocratie et l’exercice des libertés individuelles.
J-P. S. : Il y a une grosse difficulté qu’il faut rappeler, souvent nous subissons une pollution que nous ne produisons pas. La pollution est dépendante des sources de pollution citées plus haut, et un point qui rend la lutte contre la pollution difficile est qu’elle se déplace en fonction des vents dominants, des pressions atmosphériques, des conditions météorologiques. Certaines populations subissent une pollution qui n’est pas produite sur place, qui peut aussi se rajouter à une pollution produite sur place.
[Figure 8]
Citer cet article
Filomena Borecka, « L’air et l’enquête sur l’imaginaire du souffle Phrenos. Un entretien avec le médecin pneumologue Jean-Philippe Santoni. Fondation du Souffle, Paris », [Plastik] : Vers une esthétique des éléments #10 [en ligne], mis en ligne le 19 janvier 2022, consulté le 12 octobre 2024. URL : https://plastik.univ-paris1.fr/2022/01/19/lair-et-lenquete-sur-limaginaire-du-souffle-phrenos-un-entretien-avec-le-medecin-pneumologue-jean-philippe-santoni-fondation-du-souffle-paris/