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Maison [Lar]

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Table des matières

Note : Cet article est présenté dans deux versions : d’abord en français puis en portugais.

 

Maison

 

« When people move, the world moves. These movements are clearly apparent in art. Twentieth century art history is also a story about migration1 »
Albrethsen, Pernille, 2015

Le thème de la migration contient des multitudes, un arc-en-ciel au spectre dynamique et inattendu, projetant la diversité dans toute sa complexité.

L’œil humain, spécialisé dans la recherche de motifs, dessine des chemins entre les coordonnées de cette lumière diffuse que nous appelons mémoire, qui est constamment en flux.

Le prisme choisi décodifie le flux, le décompose en portions quantifiables, le choix de la lentille et du cadrage définissant des dimensions aux limites floues, où la philosophie, l’histoire, la physique, la géographie, l’urbanisme, l’architecture, l’art, la musique, la psychologie et la politique se sont mélangés à d’autres disciplines, défiant constamment leurs propres limites.

La collection de prismes ici présentée se regroupe sous un large toit, une Maison improvisée, un plan basé sur la géométrie fractale, un tout qui se revoit dans ses parties, chaque coordonnée définissant un point de capiton2, une tectonique essentielle et inévitable, trouvant un langage commun entre la fondation, le profil et l’expansion bleue.

En établissant un langage commun, chaque série photographique définit un accent, chaque commentaire visuel comme un fragment ou un tout de sa série, avec suffisamment d’indépendance pour que, lorsqu’isolé dans un nouveau contexte, il établisse son propre parcours visuel, avec une analyse fluide et un enregistrement inclusif, invitant à une lecture exhaustive.

Le médium choisi, la photographie numérique, pratiquée en tant qu’activité ludique ou perçue comme une discipline, permet des récits infinis, qu’ils soient accidentels ou intentionnels.

Comme discipline, l’acte photographique, enregistré sur pellicule ou en pixels, dessine une relation complexe entre le silence et le bruit, entre la technologie et la poésie, un protocole visuel sans frontières.

La rupture dans la routine expose l’extraordinaire qui captive et fascine, comme le décrit Branquinho – ce qui évoque une « réaction viscérale3 ». Un instant au cours duquel le corps, l’esprit, l’instinct et la logique s’unissent, composant un poème visuel qui justifie l’existence et qui justifie une recherche exhaustive…

Cette recherche s’étend bien au-delà de chaque fraction de temps définie comme un moment décisif, elle est libre de tout cadrage de l’espace, elle est l’énergie dispersée voyageant éternellement entre l’œil, l’esprit et l’objectif, composition fluide, célébrant et observant cette danse divine et immémoriale entre la particule et l’onde4, enregistrée avec effet et artefact, déformée par le verre convexe et encodée numériquement, fixant des mirages insaisissables dans une mosaïque de silicium.

Le sérieux et la responsabilité que demandent ce processus doivent éviter certaines réponses séduisantes, réductrices et hâtives, ou comme le dirait Mauro Pinto, des « chewing-gums visuels5 ». Des chewing-gums au goût artificiel et de courte durée, remplissant l’œil d’air et d’illusion…

Identifier les images avec les ingrédients nécessaires et avec une valeur nutritionnelle équilibrée exige un examen personnel, une analyse constante des motivations qui nous guident et des processus qui nous influencent, en exposant les complexes et en questionnant les préjugés, maintenant un dialogue bien calibré entre l’analyse et l’intuition, en trouvant la fluidité nécessaire entre la réflexion et le reflet.

 

[Figure 1]

 

« Three or Four Shades of Blue »

Au cours de l’un de mes nombreux voyages à Maputo, après avoir déménagé au Cap neuf ans plus tôt, cette fois au passage du Nouvel An 2012-2013 et fortement influencé par l’esthétique de la composition « Three or Four shades of blues6 » du compositeur de jazz nord-américain Charles Mingus, j’ai commencé une série photographique, « Home Away », intentionnellement réalisée en nuances de bleu comme une interférence visuelle (au-delà de la référence évidente), filtrant la façon de voir, de ressentir et d’illustrer … et peut-être aussi sous quelque influence de la cinématographie éclairée au sodium de « The Element of Crime7 » du réalisateur danois Lars Von Trier, dont l’attirail d’écrans bleus ponctuant des espaces dystopiques de couleur sépia m’avait récemment ébloui…

Le texte qui accompagnait l’impression à la demande de 4 photos de la série, 8 ans plus tard, originellement écrit en anglais, approfondit un peu plus les choix esthétiques et l’approche thématique.

« Three or Four Shades of Blues is the first track on side two of the Charles Mingus Album by the same name, recorded in 1977, it starts with a catchy melody that makes our feet tap until an expected wave gathers momentum and catches one by surprise with Mendelssohn’s wedding march from his Suite of Incidental Music to the play a Midsummer Night’s Dream by Shakespeare … then the deep bass takes over from the chorus and throws us deeper into a spiral of Central American rhythms, Caribbean swing and fast paced Bebop… it’s complex and raw, it’s sophisticated and experimental, it’s a celebration of the Blues.

Although not Mingus’s most refined piece, it is still one of my favourite albums, combining the right amount of romantic melancholy and party exuberance, always elegant and challenging. It has been an essential companion on our many trips to Maputo.

A decision to only work with blue metallic tones was made before the holidays, in 2012 – the camera purposefully and permanently set to experience 4 weeks in different shades of blue.

The Lightjet print on Fujicolour silver halide metallic gloss photographic paper is a humble digital nod to the illuminating silver gelatine printing process.

The visual narrative borrows more than just the title from the music, quick bursts of energy full of ideas are tempered by long solos, songs from childhood, sounds of the city, corners and horizons where dreams became memories and where roots will always be sustenance, a story of a place, a way home. »
Uno Pereira, 2021

 

[Figure 2]

Le fait de revoir cette série me permet de revisiter les innombrables migrations psychologiques, résultat des nombreuses migrations physiques et constantes entre Johannesburg, Maputo, Setúbal et Le Cap, depuis tout petit.

À Maputo, j’ai reconnu une partie de mon enfance, ma famille élargie, mon adolescence, le début de ma vie adulte et professionnelle, les racines maternelles et les grandes amitiés… Au Cap, mon fils, ma femme et de nouvelles racines, de nouvelles amitiés qui se ramifient…

Cette autre migration, entre architecture et photographie, partageant un intérêt pour la ville et sa morphologie, se produit dans un corps unique, dans un mutualisme constant, une correspondance où l’expéditeur et le destinataire partagent une même adresse, deux disciplines condensant la recherche d’une manière singulière de voir, de penser et d’agir.

En tant qu’architecte et photographe, les changements effectués au cours des 17 dernières années entre le domicile et le lieu de travail, une migration quotidienne nécessaire et inévitable, offrent des opportunités pour une approche plus discursive et la recherche d’un décodage de cette autre maison-ville, la péninsule du Cap. Dans un espace d’environ 15 km, parcourus de diverses manières au fil des ans, principalement à l’aide des transports publics, à vélo et/ou à pied, en appréciant les contrastes, non seulement à cause de l’aliénation de l’émigrant, mais aussi en lisant l’aliénation locale, urbaine et sociale, en explorant ses marques urbaines et son histoire trouble…

Les cicatrices douloureuses et profondes de cette région, encore assez récentes, résultant des diverses politiques et stratégies d’usurpation de terres et d’aliénation de ses communautés, de ses peuples indigènes et de la destruction de milliers d’années de culture, exposent les couches et les traumatismes de ce processus d’érosion qui s’est étalé sur plusieurs siècles.

Les premières occupations coloniales, avec leurs diverses stratégies de violence, de manipulation et d’oppression, contenues de façon brutale et systématique dans le cauchemar de ce que fut le système d’Apartheid (1948 – 1994) en Afrique du Sud8, ont drainé l’actuelle approche capitaliste et de marché prétendument libre mais qui, dans le Sud global et plus particulièrement en Afrique subsaharienne, n’a jamais beaucoup évolué au-delà d’un imbroglio néocolonial intentionnel, encore trop conditionné et injuste, réduisant la dimension humaine et la justice historique à des arguments économiques ne profitant qu’aux minorités, faisant de cette ville une autre ville divisée.

Les politiques spatiales de l’Afrique du Sud post-1994 sont le résultat direct de l’ambiguïté entre une rhétorique socialiste, panafricaine et une triste réalité corrompue et soumise aux forces économiques externes, avec de constantes éruptions xénophobes et racistes, d’expression violente, instrumentalisées pour créer une distraction, responsables de plusieurs dizaines de morts, laissant des milliers de personnes sans abri9

Ce tumulte politique et sociale constant, avec sa tension oppressante et son futur incertain, dans un pays qui se définit plus par ses ruptures que par son unité et sa cohérence, offre un environnement peu invitant aux diverses communautés d’émigrants provenant de diverses parties du continent africain, dont la majorité, à cause de conditions politiques et économiques encore plus critiques dans leur pays d’origine, tentent de survivre au point le plus septentrional du continent africain, vivant quotidiennement avec la terreur et la menace d’être considérés comme « autres », parce parlant différemment, dansant différemment, s’habillant différemment et priant différemment. La République d’Afrique du Sud n’est peut-être pas un cas unique, mais elle a un parcours très spécifique et peu habituel dans la région et sur le continent.

Les forces politiques et économiques qui ont donné forme à cet agrégat humain que nous appelons Le Cap ont toujours tiré parti de certains déterminants très particuliers, tels que sa situation géographique, son écologie et sa topographie… La Table Mountain10, une présence imposante, avec une représentation iconique et symbolique, une attraction touristique, mais aussi une muraille rocheuse qui, avec ses compagnons proéminents, Signal Hill , Lion’s head et Devil’s Peak11, sépare deux mondes : l’un fait de privilèges, ponctué d’exorbitantes demeures à Camps Bay et Clifton, chaque manoir occupant des milliers de mètres carrés, et chaque mètre carré étant le plus cher du pays…

De l’autre côté, s’étendant jusqu’au prochain relief, la zone appelée Cape Flats12, cet autre monde jouit de moins de privilèges, c’est un bannissement pour les victimes de l’expropriation des terres, des zones inhospitalières, volontairement éloignées et naturellement vulnérables… des existences circonscrites à des logements précaires, souvent inférieurs à 10 mètres carrés et abritant parfois 3 générations d’une même famille, un environnement dominé par la criminalité, la violence, les drogues, l’alcoolisme et sans accès aux services les plus élémentaires, tels que l’eau et les égouts.

Un labyrinthe de bois et de tôle qui offre peu de perspectives et d’opportunités à une population majoritairement jeune, dont les niveaux de frustration augmentent au rythme effréné d’une expansion urbaine informelle et incontrôlée, une population dont la capacité de rêve et d’imagination fut volée au fil des générations, et à qui il ne reste que peu pour survivre chaque jour, se nourrissant de promesses (l’Afrique du Sud a le taux de chômage le plus élevé au monde, ayant atteint 32,6% en 2023(Trading Economics, World Population Review).

Le régime de l’Apartheid a soigneusement planifié le réseau de routes publiques, les lignes de transport et leurs nœuds, délimitant et contenant les groupes, définissant la circulation et les routes, permettant l’approvisionnement nécessaire et efficace en main-d’œuvre bon marché dans les zones industrielles et commerciales, organisant les communautés selon la couleur de peau. Des principes de planification et de législation heureusement abandonnés en 1994, mais dont les asymétries se font encore sentir avec acuité.

Une esquisse de plan d’urbanisme plein de compromis. Les mêmes systèmes de privilèges et de corruption coloniale réadaptés et utilisés abusivement, pillant les ressources et les caisses de l’État.

30 ans plus tard, le rêve est à nouveau reporté.

Plateforme

https://unofotos.wixsite.com/selected-works/plataforma

 

La série photographique Plateforme utilise comme filtre les fenêtres en plastique des wagons du système de transport ferroviaire public du Cap, exploité par une société parapublique nommée Metrorail, saccagée, inefficace, incapable et moribonde.

Le déplacement quotidien et nécessaire trouve dans chaque fenêtre un cadre possible, presque toujours avec une perspective floue. Chaque image est un équivalent visuel, un résumé poétique du processus social et politique obscur, interprété avec un regard distant, étranger.

« Plataforma is the waiting, the interval between the end of apartheid and something else, not yet achieved but promised too long ago.
It’s experiencing a once imperfect but mostly reliable transport system failing at all levels, exhausted and burnt out.

It’s the angst and frustration of knowing that your livelihood is dependent on the next train being on time or that it might not arrive today.
It’s the opportunities lost, the angry superiors, the unhappy customers, students and patients.
It’s the silent announcement, the crackling of static, the cold tracks, the empty horizon and the uncertainty.
It’s observing a capable and strong population, idle, restless.
It’s revisiting Ernest Cole’s House of Bondage
13 and coming to the sad realization that, in the last 50 years since his photos were made, the conditions of life he exposed then, are still present and even if not under the shadow of apartheid, still as oppressive and exploitative.
Plataforma is the window, with its messages and possibilities: a frame, a composition, a filter, a veil with graffiti, stickers, scratches and dirt.
It’s the weather, clouds, mist, rain… the low, early morning and late afternoon sun, the dust of the rails and the harsh grey winter.
Plataforma is 25 minutes to and from town, on the cape flats line, every working day. 10 stops, 5 days a week, 11 months a year, for the last 6 years. It’s a return to South Africa, after almost 30 years away, 18 of them spent in Mozambique.
Plataforma is the bridge between two worlds: of a 35-year-old migrant with friends and family in Maputo, and the local resident, with a wife and son.
It’s the illusive and nebulous attempt at making sense of certain complexities and contradictions, present in South African society today.
Plataforma is the word in Portuguese (my first language) and English, Platform, with two A’s of separation.
Plataforma is always linked to fellow travellers, the jazz albums, the poetry books, the memories, paintings and movies: isolating stills of a daily route on a reel. Fleeting scenes set by circumstance and chance, unfolded in the less than 30 seconds between sliding doors and a whistle.
Plataforma is the use of simple methods: full manual settings, an inconspicuous pocket size camera, raw files with post processing and cropping minimized to the essential, constant experimentation and improvisation.
Plataforma is a register of ideas, a notebook of impressions, an essay, blurred sketches trying to decipher a new country, a new home. »
Uno Pereira, 2012

 

[Figure 3]

 

[Figure 4]

 

Poïesis

Poïesis, commencée en 2014, est une analyse plus piétonne de la ville. Une série en 3 actes, 2 approches linéaires et une synthèse en zigzag, cherchant d’autres degrés d’approximation dans ce processus, probablement éternel, de décodage de notre place et de notre raison d’être.

Le processus photographique devient plus discipliné, plus objectif, affinant les choix, sélectionnant les rencontres et définissant une façon plus attentive de regarder, mais en maintenant toujours un processus souple et sans anxiété, acceptant le naturel du geste et l’instinct créatif.

Poïesis trouve son origine étymologique dans le mot grec ancien ποιέω, qui signifie « faire » ou « créer ». Ce mot, racine du mot contemporain poésie, est à l’origine un verbe, une action qui transforme et amène de la continuité. Évitant d’être réduite à la reproduction technique ou à la création purement romantique, Poïesis est une force de réconciliation.

Dans le dialogue platonicien Le Symposium (aussi connu comme Le Banquet14), écrit aux environs de 380 avant J.-C., Platon décrit comment son mentor, Socrate (18), aborde le thème Eros / Amour, lors d’une réunion intellectuelle sans boisson (décidée ainsi par tous, en raison des excès de la nuit précédente) dans la maison du poète athénien Agathon.

L’intervention de Socrate vise à définir ce qu’est l’Amour avant d’en faire l’éloge, comme cela a été suggéré, en l’envisageant comme une chose sans possession et comme l’origine du désir. Socrate identifie ce même désir dans la recherche de l’essence de l’éthique, dans la quête d’un savoir plus proche de la vérité et dans l’acte de création.

Socrate a construit son argumentation autour des sages paroles de Diotima de Mantineia15, une prêtresse et philosophe prophétique qui fut son mentor sur les questions d’amour et de désir. Selon la description visionnaire de Diotima, tous les êtres mortels aspirent à l’immortalité vis-à-vis de Poïesis, car dans toute activité humaine tournant autour de la beauté, il existe une force créatrice / productive : Poïesis. Au-delà du cycle temporel habituel entre la naissance et la mort, il existe un mouvement, une genèse qui se produit dans trois types de Poïesis, Naturelle à travers la procréation sexuelle, Héroïque, à travers la renommée et la reconnaissance et, enfin, dans l’« âme » ou Intérieur, à travers la culture de la vertu et de la connaissance16.

Heidegger17 définit Poïesis comme l’éclosion du bourgeon, le papillon brisant son cocon, un moment d’extase pendant lequel quelque chose passe d’un état d’être à un autre18.

Poïesis I

https://unofotos.wixsite.com/selected-works/poeisis-i

« The new opaqueness and Impenetrability (the radical uncertainty as to the ultimate consequences of our actions) is not due to the fact that we are puppets in the hands of some transcendent global power (fate, historical necessity, the markets); on the contrary it is due to the fact ‘nobody is in charge’, that there is , no ‘other of the other’ pulling the strings – opaqueness is grounded in the very fact that today’s society is thoroughly ‘reflexive’, that there is no nature or tradition providing a firm  foundation on which one can rely. »
Slavoj Žižek In, The Ticklish Subject, 199919

 

Reflections on Transparency (R.O.T) – trouve, dans le verre et dans ses reflets, l’équivalent narratif de la relation entre démocratie et transparence, découvrant combien d’autres questions occupent chaque lame translucide dans le déroulement de ce processus historique déformé, dans cette maison des miroirs que nous habitons.

 

[Figure 5]

 

[Figure 6]

 

[Figure 7]

 

Poïesis II

https://unofotos.wixsite.com/selected-works/poeisis-ii–

La nécessité humaine de laisser une marque de son existence précaire sur diverses surfaces, depuis le premier geste archaïque génial, une signature avec une silhouette pigmentée d’une main sur une surface rocheuse, jusqu’au mur urbain griffonné et pointé, des messages gravés dans le plâtre avec du pigment, du fusain, de l’encre et beaucoup d’expression. La langue comme abri, avertissement, affirmation, rencontre, pause, méditation.

[Figure 8]

 

Poïesis III

https://unofotos.wixsite.com/selected-works/poiesis-iii

La synthèse en construction, interrompue par la pandémie de Covid-19 et les différents niveaux d’isolement, est devenue une transformation en point ouvert, dont le sous-titre pourrait être BC / AC, Before Covid / After Covid.

 

[Figure 9]

 

[Figure 10]

 

Maison

« It is always about answering for a dwelling space, for one’s identity, one’s space, one’s limits, for the ethos as abode, habitation, house, hearth, family, home. »
Of Hospitality – Anne Dufourmantelle invites Jacques Derrida to respond (Page 14920)

La maison serait-elle une ville d’origine, un abri familial ou un concept abstrait ?

L’écrivain mozambicain Ungulani Ba ka Khosa21, bien que né à Inhaminga, dans la province de Sofala, au Mozambique, décrit dans son recueil Cartas de Inhaminga22(2017) d’autres villes, dans et hors du Mozambique (Quelimane, Maputo, Inhambane et Cidade do Sal au Cap-Vert) comme des maisons, qui nous définissent, qui nous forment, des lieux qui marquent notre expérience vécue, à un certain moment historique, l’éclosion de souvenirs qui, quand ils sont habilement et soigneusement pétris par la prose poétique et l’érudition de Ba ka Khosa, deviennent des élégies, des lettres d’amour à la ville.

Les trois séries précédentes (Poeisis I, II et III) dessinent une coupe schématique, des couches de création dans différents modes de représentation, la recherche de cette limite illusoire qui définit une éclosion, un mouvement ou une genèse, une composition photographique qui enregistre, reconnaît et représente chaque nouveau point d’origine ou d’inflexion dans la géométrie interne de la narration.

La série Lar, encore à ses débuts, navigue dans ce système de références de façon abstraite, à la recherche d’équivalents visuels qui décrivent ce lien émotionnel, psychologique, politique et géographique entre deux maisons, deux villes, séparées par des milliers de kilomètres, Maputo et Le Cap.

Le regard du migrant retombe toujours sur la question du pont à construire entre les existences, du fardeau essentiel à porter entre les marges qui définissent chaque extrémité de cette structure. Quels compromis et pactes faut-il accepter pour pouvoir se définir comme quelque chose qui est à la fois d’ici et de là-bas ?

Niklas Luhmann (1988, « Love as Passion23 ») définit l’amour comme un système d’échange d’expectatives autour d’une incidence de communication, où les limites de ce système sont imposées par les conventions et l’imposition externe.

De la même façon, la définition de la maison du point de vue de l’expérience migratoire est-elle aussi déterminée par un certain échange d’expectatives dans un système d’imposition externe (frontières politiques, mécanismes juridiques, processus bureaucratiques) ?

La rencontre entre expectatives se veut organique dans un système équilibré et stable, mais certains événements politiques et phénomènes sociaux créent un déséquilibre des expectatives, déclenchant des crises, créant des limites, imposant des volontés, forçant des choix, distribuant de la violence physique et psychologique, faisant la guerre.

Le processus créatif devra se protéger de ce type d’adversités, un droit aliénable qui ne doit être soumis à aucune imposition externe, mais toujours incorporer l’expérience dans cette carte personnelle que nous parcourons, d’un doigt ou à plusieurs mains, reconnaissant des coordonnées individuelles, définissant un territoire unique.

Ce thème a pour points d’origine deux maisons familiales, l’une à Maputo, le foyer familial de l’adolescence au passage à l’âge adulte, et l’autre au Cap, que je partage avec ma femme et mon fils depuis 20 ans.

Des images surréalistes qui déforment ce kaléidoscope de souvenirs, d’expériences, de relations et de liens émotionnels…

Quels contours plus précis pouvons-nous utiliser dans la recherche d’une définition des mots Maison et Migration, quand chacun de ces concepts se définit bien au-delà des limites imposées par les documents ou les frontières ?

Cet essai laisse ouvert ce thème, en expansion et en contraction, avec un poumon de rythmes aquatiques et un horizon vague, réécrivant constamment son histoire dans un nouveau contour continental.
Uno Pereira, Septembre 2023

 

[Figure 11]

 

[Figure 12]

 

 

—— Texte en portugais ——

Lar

Lar

 

 “When people move, the world moves. These movements are clearly apparent in art. Twentieth century art history is also a story about migration24
Albrethsen, Pernille, 2015

 

O tema migrações contém multitudes, um arco-íris de espectro dinâmico e inesperado, projetando diversidade em toda a sua complexidade.

O olhar humano, especializado na busca de padrões, desenha percursos entre coordenadas dessa luz difusa a que chamamos memória, constantemente em fluxo.

O prisma escolhido decodifica o fluxo, repartindo-o em porções quantificáveis, a escolha de objetiva e enquadramento definindo dimensões com limites difusos, onde filosofia, história, física, geografia, urbanismo, arquitetura, arte, música, psicologia e política se miscigenaram com outras disciplinas, constantemente desafiando seus próprios limites.

A coleção de prismas aqui apresentada, agrupa-se por baixo de um telhado bastante vasto, um Lar improvisado, planta em base de geometria fractal, um todo que se revê nas suas partes, cada coordenada definindo point de capitón25, tectónica essencial e inevitável, encontrando linguagem comum entre alicerce, perfil e expansão azul.

Estabelecendo linguagem comum, cada série fotográfica define sotaque, cada comentário visual como fragmento ou todo de sua série, com independência suficiente para, quando isolado em novo contexto, estabeleça percurso visual próprio, com análise fluída e registo inclusivo, convidando leitura abrangente. 

O médio escolhido, a fotografia digital, praticada como atividade lúdica ou encarada como disciplina, possibilita narrativas infinitas, sejam estas acidentais ou intencionais.  

Como disciplina, o ato fotográfico, registrado em película ou em pixel, desenha relação complexa entre silêncio e ruído, entre tecnologia e poesia, protocolo visual sem fronteiras.

A quebra na rotina expõe o extraordinário que arrebata e cativa, como descreve Branquinho – que evoca “reação visceral26. Instante em que corpo, mente, instinto e lógica se unem, compondo poema visual que justifique existência e que justifique exaustiva procura…

Essa procura estende-se muito além de cada fração de tempo definida como momento decisivo, é livre de qualquer enquadramento de espaço, é energia dispersa viajando eternamente entre olho, mente e lente, composição fluida, celebrando e observando essa dança divina e imemorial entre partícula e onda27, registada com efeito e artefacto, distorcida por vidro convexo e digitalmente codificada, fixando miragens fugidias em mosaico silícico.

A seriedade e responsabilidade que este processo requer, terá de evitar certas respostas sedutoras, redutivas e apressadas, como diria Mauro Pinto,“chuingas visuais28. Chicletes de sabor artificial e pouca duração, a encher o olho de ar e ilusão… 

Identificar imagens com os ingredientes necessários e com um valor nutricional equilibrado exige examinação pessoal, uma análise constante das motivações que nos guiam e dos processos que nos influenciam, expondo complexos e questionando preconceitos, mantendo um diálogo bem calibrado entre análise e intuição, encontrando fluidez necessária entre reflexão e reflexo. 

 

[Figure 13]

 

“Three or Four Shades of Blue” 

Durante uma de muitas viagens a Maputo, depois da mudança para a cidade do Cabo 9 anos antes, desta vez na passagem de ano de 2012 para 2013 e fortemente influenciado pela estética da composição “Three or Four shades of blues” 6 do compositor de Jazz norte-americano Charles Mingus29, iniciei uma série fotográfica, “Home Away”, intencionalmente em tons de azul como interferência visual (além da óbvia referência), filtrando o modo de ver, sentir e ilustrar…  talvez também com alguma influência da cinematografia em luz de sódio de “The element of crime” 7 do realizador dinamarquês Lars Von Trier cuja parafernália de écrans azuis a pontuar os espaços sépia distópicos me tinha me tinha deslumbrado recentemente…

O texto que acompanhou a impressão por encomenda de 4 fotos da série 8 anos depois, originalmente escrito em inglês, aprofunda um pouco mais as escolhas estéticas e abordagem temática:

“Three or Four Shades of Blues30 is the first track on side two of the Charles Mingus Album by the same name, recorded in 1977, it starts with a catchy melody that makes our feet tap until an expected wave gathers momentum and catches one by surprise with Mendelssohn’s wedding march from his Suite of Incidental Music to the play a Midsummer Night’s Dream by Shakespeare … then the deep bass takes over from the chorus and throws us deeper into a spiral of Central American rhythms, Caribbean swing and fast paced Bebop… it’s complex and raw, it’s sophisticated and experimental, it’s a celebration of the Blues.

Although not Mingus’s most refined piece, it is still one of my favourite albums, combining the right amount of romantic melancholy and party exuberance, always elegant and challenging. It has been an essential companion on our many trips to Maputo.

A decision to only work with blue metallic tones was made before the holidays, in 2012 – the camera purposefully and permanently set to experience 4 weeks in different shades of blue.

The Lightjet print on Fujicolour silver halide metallic gloss photographic paper is a humble digital nod to the illuminating silver gelatine printing process.

The visual narrative borrows more than just the title from the music, quick bursts of energy full of ideas are tempered by long solos, songs from childhood, sounds of the city, corners and horizons where dreams became memories and where roots will always be sustenance, a story of a place, a way home.”                                                                                                                             Uno Pereira, 2021

 

[Figure 14]

 

O revisitar desta série, permite-me revisitar as inúmeras migrações psicológicas, resultado das muitas migrações físicas e constantes, entre Joanesburgo, Maputo, Setúbal e Cidade do Cabo, desde feto. 

Em Maputo reconhecia parte da minha infância, a família alargada, a adolescência, o início da vida adulta e profissional, as raízes maternas e as grandes amizades…na Cidade do Cabo, o meu filho, a minha esposa e novas raízes, novas amizades ramificando-se…

Essa outra migração, entre a arquitetura e a fotografia, partilhando interesse pela cidade e sua morfologia, acontece em corpo único, num mutualismo constante, correspondência em que remetente e destinatário partilham endereço, duas disciplinas condensando a procura de um modo singular de ver, de pensar, de agir.

Como arquiteto e fotógrafo, a comuta dos últimos 17 anos, entre domicílio e local de trabalho, migração diária necessária e inevitável, apresenta oportunidades para uma abordagem mais discursiva e procura de uma descodificação deste outro lar-cidade, a península do Cabo. Por volta de 15km percorridos de vários modos ao longo dos anos, na sua maioria em transporte público, de bicicleta e/ou a pé, apreciando os contrastes, não só por alienamento emigrante, mas também lendo o alienamento local, urbano e social, explorando suas marcas urbanas e história conturbada… 

As cicatrizes dolorosas e profundas desta região, ainda bastante recentes, resultado das diversas políticas e estratégias de usurpação de terra e alienamento de suas comunidades, de seus povos indígenas e da destruição de milhares de anos de cultura, expõem as camadas e os traumas desse processo de erosão que tem durado séculos.

As primeiras ocupações coloniais, com suas várias estratégias de violência, manipulação e opressão, contidas de forma brutal e sistemática no pesadelo que foi o sistema de Apartheid (1948 – 1994)31 na África do Sul, desaguaram na presente abordagem capitalista e de mercado que se diz livre mas que no sul global e especificamente na África subsaariana nunca evoluiu muito além de um intencional imbróglio neocolonial, ainda demasiado condicionado e injusto, reduzindo a dimensão humana e justiça histórica a argumentos económicos que apenas beneficiam minorias, fazendo desta mais uma cidade dividida e medida com balança viciada.

As políticas espaciais da África do Sul pós 1994, são resultado direto da ambiguidade entre uma retórica socialista, pan-africanista e uma triste realidade corrupta e subserviente a forças económicas externas, com constantes erupções xenófobas e racistas de expressão violenta, instrumentalizadas para criar distração, responsáveis por várias dezenas de mortes, deixando milhares de pessoas sem lar32

Este tumulto político e social constante, com sua tensão oprimente de futuro incerto, em um país que se define mais pelas suas ruturas que pela sua unidade e coerência, oferece um ambiente pouco convidativo às diversas comunidades de emigrantes de várias partes do continente africano, cuja maioria, devido a condições políticas e económicas ainda mais críticas no seu país de origem, vai tentando sobreviver no ponto mais Sul deste continente africano, vivendo diariamente com o terror e ameaça de serem considerados “outros”, porque falam diferente, dançam diferente, vestem diferente e rezam diferente.  A República da África do Sul pode não ser caso exclusivo, mas tem um percurso muito específico e pouco habitual na região e no continente.

As forças políticas e económicas que deram forma a este agregado humano, que chamamos Cape Town, sempre tiraram partido de certas determinantes muito particulares, como a sua localização geográfica, sua ecologia e topografia…a Table Mountain33, presença imponente, com representação icónica e simbólica , atração turística, mas também muralha rochosa que com seus acompanhantes de relevo, Signal Hill, Lion’s head e Devil’s Peak34, separam dois mundos: um de privilégio, pontuado de mansões exorbitantes em Camps Bay e Clifton, cada mansão ocupando milhares de metros quadrados, cada metro quadrado o mais caro do país…

Do outro lado e estendendo-se até ao próximo relevo, a zona chamada Cape Flats35, esse outro mundo menos privilegiado, desterro para vítimas de expropriação de terra,  zonas inóspitas, intencionalmente remotas e naturalmente vulneráveis… existências circunscritas em habitações precárias, muitas com menos de 10 metros quadrados e albergando por vezes 3 gerações da mesma família, um ambiente dominado por crime, violência, drogas, alcoolismo e sem acesso aos serviços mais básicos como água e esgotos.  

Um labirinto de madeira e chapa metálica que oferece poucas perspetivas e oportunidades a uma população na sua maioria jovem, cujos níveis de frustração vão crescendo ao ritmo desenfreado de uma expansão urbana informal e descontrolada, uma população cuja capacidade de sonho e de imaginação foi roubada ao longo de gerações, pouco restando para permitir sobrevivência diária, alimentando-se de promessas (África do Sul tem o nível de desemprego mais elevado do mundo, tendo atingido 32.6% em 202336).  

O regime do apartheid planeou cuidadosamente o sistema de vias públicas, linhas de transporte e seus nodos, delimitando e contendo grupos, definindo circulação e rotas, permitindo o fornecimento de necessária e eficiente de mão de obra barata às zonas industriais e comerciais, organizando comunidades segundo cor de pele. Princípios de planeamento e legislação felizmente abandonados em 1994, mas cujas assimetrias ainda se fazem sentir acentuadamente. 

Um traçado urbano em esquiço repleto de compromissos. Os mesmos sistemas de privilégio e corrupção colonial readaptados e abusados, rapinando recursos e os cofres do estado.

30 anos depois, o sonho mais uma vez adiado.  

Plataforma

https://unofotos.wixsite.com/selected-works/plataforma

A série fotográfica, Plataforma, utiliza como filtro as janelas de plástico das carruagens de comboio do sistema de transporte público ferroviário na Cidade do Cabo, operado por uma paraestatal, Metrorail, saqueada, ineficiente, incapaz e moribunda. 

A comuta diária e necessária, encontra em cada janela uma possível moldura, quase sempre com perspetiva embaciada. Cada imagem um equivalente visual, resumo poético do processo social e político obscuro, interpretado com olhar distante, estrangeiro: 

“Plataforma is the waiting, the interval between the end of apartheid and something else, not yet achieved but promised too long ago.
It’s experiencing a once imperfect but mostly reliable transport system failing at all levels, exhausted and burnt out.

It’s the angst and frustration of knowing that your livelihood is dependent on the next train being on time or that it might not arrive today.
It’s the opportunities lost, the angry superiors, the unhappy customers, students and patients.
It’s the silent announcement, the crackling of static, the cold tracks, the empty horizon and the uncertainty.
It’s observing a capable and strong population, idle, restless.
It’s revisiting Ernest Cole’s House of Bondage
37 and coming to the sad realization that, in the last 50 years since his photos were made, the conditions of life he exposed then, are still present and even if not under the shadow of apartheid, still as oppressive and exploitative.
Plataforma is the fast motion: of wheels, feet, bodies, thoughts. The meeting of eyes, of classes, normally divided into the ripped leatherette cushioned “metroplus” and the stripped down, broken, hard plastic of third class, both dangerously overcrowded.
Plataforma is the window, with its messages and possibilities: a frame, a composition, a filter, a veil with graffiti, stickers, scratches and dirt.
It’s the weather, clouds, mist, rain… the low, early morning and late afternoon sun, the dust of the rails and the harsh grey winter.
Plataforma is 25 minutes to and from town, on the cape flats line, every working day. 10 stops, 5 days a week, 11 months a year, for the last 6 years. It’s a return to South Africa, after almost 30 years away, 18 of them spent in Mozambique.
Plataforma is the bridge between two worlds: of a 35-year-old migrant with friends and family in Maputo, and the local resident, with a wife and son.
It’s the illusive and nebulous attempt at making sense of certain complexities and contradictions, present in South African society today.
Plataforma is the word in Portuguese (my first language) and English, Platform, with two A’s of separation.
Plataforma is always linked to fellow travellers, the jazz albums, the poetry books, the memories, paintings and movies: isolating stills of a daily route on a reel. Fleeting scenes set by circumstance and chance, unfolded in the less than 30 seconds between sliding doors and a whistle.
Plataforma is the use of simple methods: full manual settings, an inconspicuous pocket size camera, raw files with post processing and cropping minimized to the essential, constant experimentation and improvisation.
Plataforma is a register of ideas, a notebook of impressions, an essay, blurred sketches trying to decipher a new country, a new home.”
Uno Pereira, 2012

 

[Figure 15]

 

[Figure 16]

 

Poïesis

Poïesis, iniciada em 2014, é uma análise mais pedestre da cidade. Uma série em 3 atos, 2 abordagens lineares e uma síntese em ziguezague, procurando outros graus de aproximação, neste processo, provavelmente eterno, de descodificação do nosso lugar e razão de ser. 

O processo fotográfico torna-se mais disciplinado, mais objetivo, afinando escolhas, selecionando encontros e definindo um modo mais atento de olhar, mas sempre mantendo um processo solto e sem ansiedade, aceitando a naturalidade do gesto e o instinto creativo.

Poïesis tem a sua origem etimológica no termo ancestral grego ποιέω, que significa “fazer “ou “criar”. Esta palavra, raiz da palavra contemporânea poesia, foi inicialmente um verbo, uma ação que transforma e traz continuidade. Evitando ser reduzida a reprodução técnica ou criação puramente romântica, Poïesis é força reconciliadora. 

No diálogo platónico O Simpósio (também conhecido como O Banquete38), escrito em volta de 380 a.c., Platão descreve como o seu mentor, Sócrates18, aborda o tema Eros / Amor, durante um convívio intelectual sem bebida (assim decidido por todos devido aos excessos da noite anterior) em casa do poeta ateniense Agatão. 

A intervenção de Sócrates procura definir o que é Amor antes de o louvar como teria sido sugerido, encarando-o como algo sem posse e como origem do desejo. Sócrates identifica esse mesmo desejo na busca da essência da ética, no percurso de procura de um conhecimento mais aproximado da verdade e no ato de criação.

Sócrates constrói o seu argumento em volta das palavras sábias de Diotima de Mantineia39, uma sacerdotisa e filósofa profética que foi sua mentora em questões de amor e desejo. Segundo a descrição visionária de Diotima, todos os seres mortais aspiram à imortalidade em relação a Poïesis, pois em toda a atividade humana em volta do belo, existe uma força criativa / produtiva: Poïesis. Além do ciclo habitual temporal entre nascimento e morte, existe um movimento, uma génese que ocorre em três tipos de Poïesis, Natural através de procriação sexual, Heróica, através de fama e reconhecimento e finalmente, na “alma” ou Interior, através da cultivação de virtude e conhecimento40.

Heidegger41 define Poïesis, como o desabrochar do rebento, a borboleta rompendo seu casulo, um momento de êxtase, quando algo passa de um estado de ser para outro42.

Poïesis I 

https://unofotos.wixsite.com/selected-works/poeisis-i

“The new opaqueness and Impenetrability (the radical uncertainty as to the ultimate consequences of our actions) is not due to the fact that we are puppets in the hands of some transcendent global power (fate, historical necessity, the markets); on the contrary it is due to the fact ‘nobody is in charge’, that there is , no ‘other of the other’ pulling the strings – opaqueness is grounded in the very fact that today’s society is thoroughly ‘reflexive’, that there is no nature or tradition providing a firm  foundation on which one can rely.”
Slavoj Žižek In The Ticklish Subject, 199943

 

Reflections on Transparency (R.O.T) – encontra no vidro e suas reflexões, o equivalente narrativo da relação entre democracia e transparência, descobrindo quantas outras questões ocupam cada lâmina translucida no desenrolar deste processo histórico distorcido, neste lar de espelhos que habitamos.

 

[Figure 17]

 

[Figure 18]

 

Poïesis II 

https://unofotos.wixsite.com/selected-works/poeisis-ii– 

A necessidade humana de deixar uma marca da sua existência precária em diversas superfícies, desde o primeiro gesto arcaico genial, assinatura com silhueta pigmentada de mao em superfície rochosa, ao muro urbano rabiscado e espichado, mensagens gravadas em reboco com pigmento, carvão, tinta e muita expressão. A linguagem como abrigo, aviso, afirmação, encontro, pausa, meditação.

 

[Figure 19]

 

[Figure 20]

 

Poïesis III 

https://unofotos.wixsite.com/selected-works/poiesis-iii

 Síntese em construção, interrompida pela pandemia do Covid 19 e os diversos níveis de isolamento, tornou-se transformação em ponto aberto, o subtítulo poderia ser BC / AC, Before Covid / After Covid. 

 

[Figure 21]

 

[Figure 22]

 

Lar

It is always about answering for a dwelling space, for one’s identity, one’s space, one’s limits, for the ethos as abode, habitation, house, hearth, family, home.
Of Hospitality – Anne Dufourmantelle invites Jacques Derrida to respond (Page 14944)

Será lar cidade de origem, abrigo familiar ou conceito abstrato? 

O escritor moçambicano Ungulani Ba ka Khosa45, embora nascido em Inhaminga, na provincia de Sofala, Moçambique, na coletânea Cartas de Inhaminga46(2017), descreve outras cidades, dentro e fora de Moçambique (Quelimane, Maputo, Inhambane e Cidade do Sal em Cabo Verde) como lares, que nos definem, que nos formam, locais que marcam a nossa experiência vivida, em certo momento histórico, o desabrochar de memórias que quando habilmente e cuidadosamente amassadas pela prosa poética e erudição de Ba ka Khosa, tornam-se elegias, cartas de amor à cidade.

As 3 séries anteriores, (Poeisis I, II e III), desenham um corte esquemático, camadas de criação em diversos modos de representação, a busca por esse limite ilusório que defina um desabrochar, um movimento ou génese, composição fotográfica que regista, reconheça e represente cada novo ponto de origem ou inflexão na geometria interna da narrativa.

A série Lar, ainda no seu início, navega esse sistema de referências de modo abstrato, procurando equivalentes visuais que descrevam esta ligação emocional, psicológica, política e geográfica entre dois lares, duas cidades, separadas por milhares de quilómetros, Maputo e Cidade do Cabo. 

O olhar migrante, debruça-se sempre na questão de que ponte construir entre existências, que fardo essencial carregar entre as margens que definam cada extremo dessa estrutura. Que compromissos e pactos aceitar de modo a definir-se como algo que é concorrentemente daqui e de

Niklas Luhmann (1988, “Love as Passion47) define amor como um sistema de troca de expectativas em volta de uma incidência de comunicação, onde os limites desse sistema serão impostos por convenção e imposição externa.

Do mesmo modo não será a definição de lar do ponto de vista da experiência migratória também determinada por certa troca de expectativas em um sistema de imposição externa (fronteiras politicas, mecanismos legais, processos burocráticos)?

O encontro entre expectativas quer-se orgânico num sistema equilibrado e estável, mas certos eventos políticos e fenómenos sociais criam um desequilíbrio de expectativas, despoletando crises, criando limites, impondo vontades, obrigando escolhas, distribuindo violência física e psicológica, fazendo guerras.

O processo criativo deverá manter-se imune a este tipo de adversidades, direito alienável que não se deve sujeitar a qualquer imposição externa, mas sempre incorporando experiência nesse mapa pessoal que percorremos, com um dedo ou com várias mãos, reconhecendo coordenadas individuais, definindo território único. 

Este tema toma como pontos de origem dois domicílios familiares, um em Maputo, lar familiar, de adolescência em passagem para adulto, outro na cidade do Cabo, que partilho com a minha esposa e filho há 20 anos. 

Imagens surreais que distorcem esse caleidoscópio de memórias, de experiências, de ligações e elos emocionais… 

Que contornos mais específicos utilizar na procura de uma definição para Lar e Migração, quando cada um destes conceitos define-se muito além dos limites impostos por documentos ou fronteiras?

Este ensaio deixa o tema em aberto, em expansão e contração, com pulmão de ritmos aquáticos e horizonte vago, constantemente reescrevendo a sua estória em novo traçado continental.
Uno Pereira, Setembro de 2023

 

[Figure 23]

 

[Figure 24]

 

Citer cet article

Uno Pereira, « Maison [Lar] », [Plastik] : Migrations #15 [en ligne], mis en ligne le 18 octobre 2024, consulté le 24 avril 2025. URL : https://plastik.univ-paris1.fr/2024/10/18/maison/

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