Esteban Richard : « L’appel de l’Océan ». Entretien avec Quentin Montagne
Esteban Richard
Nr 09 . 14 septembre 2020
Quentin Montagne. L’un de tes projets les plus emblématiques, en tout cas l’un des plus médiatisés pour le moment au regard de ce qu’on peut en lire dans la presse ou sur internet, porte un titre pour le moins éloquent : Totem. Sa forme n’est pas moins énigmatique que son titre, puisqu’il s’agit de sortes de piliers aux formes géométrisantes et colorées, rappelant autant les fameuses sculptures rituelles amérindiennes que La Colonne sans fin de Brancusi ou certaines œuvres de Jean-Michel Othoniel. Et l’on peut d’autant plus penser à ce dernier que les différentes figures qui composent tes poteaux sont en fait des perles, façonnées dans du plastique recyclé, puis empilées les unes sur les autres, enserrant une barre de métal. Quelle a été la genèse de ce projet ?
Esteban Richard. Oui, Totem est l’un de mes projets qui a été le plus relayé par les journaux et les réseaux sociaux. C’est également le premier que j’ai produit après l’obtention de mon diplôme en école d’art. À l’issue de cette formation, et comme sous l’effet d’une révélation, j’ai pris conscience de la possibilité de mêler en une seule et même activité ma pratique artistique et ma passion pour l’océan, ainsi qu’une curiosité non dissimulée pour l’univers de la biologie et de l’écologie marine. C’est à travers la réalisation de ce projet que je me suis définitivement engagé vis-à-vis de certains objets, de certaines problématiques que je continue d’explorer en tant que designer-plasticien.
Q.M. Avant même d’envisager leurs caractéristiques formelles, sinon esthétiques, ces colonnes relèvent donc d’abord d’une ambition de sensibilisation ? Une telle posture pose de nombreuses questions pour un plasticien…
E.R. Il faut comprendre Totem comme une réaction, une réponse face à un problème bien précis : ce que l’on appelle « la pollution plastique », c’est-à-dire l’accumulation massive de déchets plastiques dans l’environnement. Je me suis particulièrement intéressé à la présence de cette pollution dans les milieux marins. Cette pollution, croissante, est d’autant plus inquiétante que les conséquences à long terme sont encore difficilement mesurables. Ce phénomène est au cœur de mes préoccupations depuis maintenant plus de cinq ans. Les colonnes de Totem marquent en quelque sorte un premier jalon dans une étude toujours en cours, et elles-mêmes résultent d’une première somme de recherches sur le sujet.
Avant même d’imaginer ce travail, je souhaitais mieux comprendre cette situation. Mes interrogations étaient nombreuses : d’où vient le plastique et où va-t-il ? Combien de temps met-il à disparaître? Disparaît-il seulement vraiment ? Quels sont ses effets sur la faune et la flore ? Nuit-il à la qualité de l’eau ? Impacte-t-il également notre santé ou, autrement, notre économie ? Comment les politiciens et les industriels réagissent-ils ? Existe-t-il des solutions viables pour pallier cette pollution ? Si oui, à quels prix ?
Les dangers qu’encourent les différents écosystèmes de la planète, et a fortiori les milieux sous-marins, sont aujourd’hui très médiatisés. La prolifération, la pollution et les effets du plastique ne sont plus aujourd’hui des objets de débat, du moins au sein de la communauté scientifique. On en observe déjà les conséquences graves sur nos sociétés, qu’il s’agisse de notre santé, de l’économie ou de notre environnement[1]. On ne compte plus les mises en garde, et désormais les cris d’alarmes de la part d’associations et de chercheurs.
En 2015 par exemple, Jenna Jambeck, professeure d’ingénierie à l’université de Géorgie, aux États-Unis, avançait une estimation: en l’espace d’un an, et à l’échelle de la planète, ce ne sont pas moins de 4,8 millions de tonnes de plastiques qui se seraient abandonnées sur les côtes pour se déverser ensuite dans les mers et océans[2]. D’ailleurs, plutôt que d’envisager séparément ces différentes parties du globe, je suis désormais l’exemple des écologistes et je préfère parler de l’ « Océan », entendu comme cette masse d’eau salée globale, en mouvement permanent autour de la planète. La diffusion des plastiques selon les grands courants sous-marins révèlent bien l’entité unique que forment les mers[3].
La plupart de ces plastiques viennent des terres, acheminés sur les plages par le vent, les fleuves ou directement par l’homme ; seuls 20 % des plastiques en mer sont directement issus d’activités maritimes : transport (commercial, touristique et sportif), pêche, aquaculture, loisirs nautiques. Établis à partir du bilan de l’année 2010, et alors qu’ils ont déjà doublé en l’espace de cinq ans[4], les chiffres déjà alarmants que donne Jenna Jambeck devraient encore être démultipliés à partir de 2025[5].
L’Océan, aussi bien que les cours d’eau douce et les terres, se trouve aujourd’hui contaminé par des macro- et micro-particules de plastique. On parle même à présent de nano-particules, encore plus petites et plus résistantes[6]. C’est l’ensemble du réseau trophique planétaire qui est touché. Face à cet état de fait, je me suis demandé ce que je pouvais faire à mon échelle, et en tant que plasticien. J’ai alors tenté de trouver un moyen de résumer, ou plutôt de concentrer les différentes problématiques liées à la présence du plastique dans l’Océan, et en commençant par m’intéresser à mon environnement direct : la région du Finistère nord et, plus largement, le littoral breton. Je ne voulais surtout pas développer un discours moralisateur ou pire, culpabilisant. Mais oui, je voulais faire acte de sensibilisation.
[Figure 1]
Q.M. La prolifération massive du plastique dans les océans représente en effet un désastre écologique sans précédent. Selon une étude récente, un tiers des déchets plastiques produits chaque année, soit plus de 100 millions de tonnes, échappe encore à tout traitement pour se répandre dans les divers milieux naturels[7]. De toutes disciplines confondues, de nombreux artistes s’intéressent directement à ce problème, certains le dénonçant auprès du public, d’autres cherchant à trouver des solutions techniques pour recycler ces matières polluantes. Je pense notamment aux œuvres d’Anne Percoco ou de Ian Trask, et plus largement au collectif Project Vortex[8]. T’es-tu inspiré des recherches de certains artistes pour ton projet ?
E.R. S’il est vrai que de plus en plus d’artistes et de designers réagissent à ce type de pollution, les questions qu’elle soulève sont le plus souvent abordées sous le prisme de la revalorisation d’un matériau complexe. L’enjeu majeur consiste alors à trouver la manière de réinjecter le plastique dans un cycle de production vertueuse. Plusieurs exemples sont bien connus, tel celui du collectif Precious Plastic. Impulsé par le designer hollandais Dave Hakkens, le succès de ce projet résulte de la réunion d’une vaste communauté internationale autour de la création d’outils low-tech et/ou open source, lesquels permettent de transformer le moindre de nos déchets plastiques en de nouveaux objets[9]. Les réalisations du Studio Swine sont également très intéressantes à ce sujet, en particulier Sea Chair, un siège conçu à partir de plastiques récoltés en mer en 2012[10].
Par leurs formes et leurs usages néanmoins, et bien qu’issus d’un processus de revalorisation, ces objets ne se dissocient en rien de leurs équivalents fabriqués à partir de plastique vierge. Les designers n’exploitent pas suffisamment le potentiel écologique, pédagogique, voire même politique que portent pourtant ces projets. Seul est mis en avant l’aspect « propre », « raisonné » de la production, à la manière d’un rapide slogan… Pour moi, ce n’est pas suffisant. J’ai l’impression, malheureusement, qu’il est assez rare de pouvoir considérer la création d’un artiste ou d’un designer comme un support direct et suffisant d’informations, ou comme un outil de sensibilisation à part entière au « problème plastique ».
Q.M. C’est la raison pour laquelle tu as décidé de travailler en concertation avec des chercheurs et des associations ?
E.R. Comme tu l’as dit, l’ambition que je porte n’est pas évidente. Ce que je voulais avant tout, c’était pouvoir m’investir et réagir au problème de la pollution plastique au même titre qu’un biologiste marin par exemple. Mais, en tant que créateur, concevoir une réponse différente de la sienne. Proposer en quelque sorte ma propre expertise, ma propre expérience en tant que designer-plasticien. J’ai ainsi travaillé en étroite collaboration avec plusieurs structures : la Surfrider Foundation, le laboratoire en écologie marine Bebest de l’IUEM de Brest, l’agence Fovearts, ainsi que plusieurs établissements scolaires.
Ensemble, nous avons établi un parcours sur le littoral breton, ciblant différents lieux pour y programmer plusieurs collectes de déchets plastiques et dresser des sortes de cartographies de ces débris. C’est à partir de tous ces détritus que trois mâts Totem furent réalisés. Par broyage, concassage, fonte et remoulage. Bien que les formes soient empilées, à la manière de perles comme tu l’as initialement indiqué, c’est plutôt l’idée du boulier que je convoque. Chaque mât est conçu à partir d’un poids de plastiques bien précis, dont la nature et la provenance sont clairement établies. Ces informations sont d’ailleurs indiquées sur une pastille accrochée sur chacun des Totem.
Les bouées et les balises flottantes sont des objets qui m’influencent également beaucoup. Je désirais conserver un certain langage, un vocabulaire de formes propres au monde maritime. Ces figures géométriques, comme les bouées justement, évoquent ainsi une sorte de signalétique, une espèce de code informatif ou préventif qui ne dénature pas le paysage. Car, à terme, et à la suite d’une série d’expositions en région prévues avec mes partenaires, ces sculptures sont replacées là où les plastiques ont été ramassés.
[Figure 2]
[Figure 3]
Q.M. Si je comprends bien, ces colonnes interviennent donc comme des marqueurs, des signes, mais sans pour autant altérer leurs sites d’implantation. Cependant, le fait de dresser de telles structures n’est pas anodin. Il y a même quelque chose d’archaïque dans ce geste. J’ai parlé tout à l’heure de Brancusi, mais rien n’empêche d’y voir un écho contemporain des mégalithes, nombreux en Bretagne… Les Totem ont-ils une portée symbolique ?
E.R. Pour en revenir à ta référence initiale à Brancusi, les correspondances formelles entre ma proposition et La Colonne sans fin sont évidentes. Mais le rapprochement s’arrête là. L’œuvre de Brancusi s’apparente à un mémorial. Sa dernière version, haute de trente mètres et érigée en 1938 à Tângu Jiu, en Roumanie, est un hommage aux jeunes roumains morts lors de la Première Guerre mondiale[11]. La dimension transcendantale est fondamentale dans ce travail qui s’apparente pour le coup à un pilier funéraire. Le motif rhomboïdal que le sculpteur multiplie dans la matière est lui-même emprunté à l’art populaire roumain. Malgré la similitude formelle flagrante entre la forme des balises qui composent mes mâts et le rhombe de Brancusi, les Totem ne sont pas du tout des sculptures commémoratives.
Certes, on peut les voir comme les marques des conséquences désastreuses et meurtrières de la pollution plastique, mais je les ai d’abord imaginées comme les signes d’un élan, d’un renouveau. À la façon d’un boulier, elles permettent de mesurer avec précision, et à un « moment T », l’impact de la pollution plastique sur la portion du littoral où elles sont installées. Elles agissent, ou du moins je voudrais qu’elles agissent comme des sortes de vecteurs vers un meilleur avenir. Comme un moyen de se projeter dans le futur et de prendre conscience que notre modèle économique et industriel actuel, où le plastique est omniprésent, doit être repensé. On peut très facilement imaginer un « Totem sans fin », ne serait-ce que pour signifier la présence permanente et croissante du plastique dans l’Océan. Après tout, les Totem sont avant tout conçus comme des outils de mesure contemplatifs. Pour autant, je n’ai pas voulu jouer les prophètes. Au contraire, je pense avoir fait preuve d’un pragmatisme directement emprunté au champ de la science.
Ce travail n’a aucune portée religieuse ou rituelle. Le titre même du projet est sans aucune ambiguïté à cet égard. Contrairement à ce que l’on pense communément, et pour en avoir discuté à de nombreuses reprises avec le public, les totems amérindiens n’ont pas de signification religieuse. L’étymologie même du mot le montre clairement ; apparu dans la langue française au XIXe siècle, et adapté de l’anglais, « totem » est la contraction d’un terme ojibwé[12], « odoodemasn » ([oˈtuːtɛm], prononcé « otoutem »), lequel se traduit par « sa famille, sa tribu, son clan »[13]. Chez les peuples amérindiens, ces mâts sont en quelque sorte les emblèmes de groupes, de communautés. À l’instar de ces modèles, chacun de mes Totem apparaît comme l’emblème d’un site particulier où le plastique, malheureusement, est aujourd’hui devenu l’une des caractéristiques essentielles.
Q.M. Au-delà de la question de l’écologie, tout ce projet témoigne d’une sensibilité aigüe au littoral breton. On pourrait presque parler, te concernant, d’un attachement profond pour cette région, non ?
E.R. Mon environnement est à la base de mon travail, j’y suis donc très attaché. C’est à la fin de mes études que j’ai pris conscience de ce lien avec le territoire où je vis. Au cours de ma cinquième année aux Beaux-Arts, j’ai commencé à réfléchir plus sérieusement à la notion d’ « insularité », l’abordant autant sous l’angle de l’histoire, de la sociologie, de l’économie et de l’écologie. C’est de cette manière que j’ai découvert la « nissonologie », cette fameuse science des îles inventée par Abraham Moles[14]. Une approche véritablement transdisciplinaire qui continue de m’inspirer dans mes projets. C’est sur son exemple que je veux situer mes recherches au carrefour de l’art, de la science et de l’environnement.
Ayant moi-même grandi à Belle-Île, je continue de m’interroger sur ce contexte géographique si particulier, où la vision, quelle que soit sa direction, tombe sur l’Océan, omniprésent. L’insularité, en soi, génère-t-elle une production artistique spécifique ? Ce n’est pas pour rien que mes Totem sont dos au rivage. Certains îliens, il est vrai, dirigent le regard vers la terre, vers le continent. D’autres, comme moi, sont tournés vers le large…
Q.M. Justement, plus encore que Totem, la majorité de tes productions, relèvent directement du monde maritime, et d’abord de la pêche. Outre le plastique, tu as ainsi expérimenté plusieurs techniques artisanales propres aux métiers de la mer, comme par exemple le verre soufflé et ce, en écho avec les anciennes formes des flotteurs de filets. Les cubes de Cénote, bien qu’en Plexiglas cette fois-ci, rappellent encore ces anciens outils de verre, devenus objets de décoration. Quel rapport entretiens-tu avec le monde de la pêche ? Quelle est ta position vis-à-vis de cette activité qui, paradoxalement, apparaît maintenant à la fois menacée au niveau local et menaçante à l’échelle des chalutiers industriels ?
E.R. Le milieu de la pêche est très important pour moi. D’une certaine manière, et au même titre que l’insularité d’ailleurs, je dirais que la pêche fait partie de mon environnement. Je viens d’une famille de marins pêcheurs. J’ai été élevé dans ce milieu et, très tôt, j’en ai ressenti une grande fierté. Grandir sur une île, au sein d’une famille à ce point liée à la mer… tout ça m’a profondément marqué. Tout jeune d’ailleurs, je voulais prendre la relève de mes parents et devenir à mon tour marin pêcheur… Il en a finalement été autrement. Pour autant, il n’a jamais été question de tourner le dos à ce monde et à tout ce qu’il représente.
C’est donc tout naturellement que j’ai orienté mes recherches vers l’univers maritime. Je me souviens d’une citation de Salomon Reinach : « La mer est le plus grand musée du monde[15] ». De par mon histoire, cette phrase prend une signification toute personnelle. La mer est pour moi à la fois un héritage, une source d’inspiration dans laquelle je ne cesse de puiser des formes et des idées, un objet d’étude et le sujet d’inquiétudes. Les expérimentations du verre soufflé que tu évoques, s’il s’agit bien du workshop 3° 09’ 00 W 47° 19’ 00 N de 2014, témoignent bien de ces différentes dimensions.
[Figure 4]
Q.M. Oui, c’est exactement à ce projet que je pense, et plus précisément encore à l’une des pièces produites avec les artisans de FLUÏD Création Verre : Éphémère.
E.R. Ce workshop, mené à Belle-Île, était vraiment expérimental. Au départ, alors encore étudiant à l’école des Beaux-Arts de Brest, mon but était de confronter les idées que je commençais à développer autour de la notion d’insularité avec la réalité du terrain. Je ne voulais plus simplement concevoir l’île comme un objet de recherche, au sens presque conceptuel du terme, mais la considérer comme un laboratoire d’expérimentation à part entière. Pour ce faire, et pour m’assurer d’une certaine objectivité dans cette approche, j’ai collaboré avec quatre autres personnes, Anne Le Gars, Cécile Guivarch, Corentin Vitre et Edgar Flauw qui, contrairement à moi, n’avaient pour ainsi dire aucune expérience de l’insularité. Après une phase d’observation puis d’imprégnation des lieux, un phénomène a particulièrement retenu notre attention à tous les cinq : l’érosion. Qu’il s’agisse des effets des vagues, des marées ou du vent, nous nous sommes interrogés sur ces différents facteurs qui re-dessinent constamment les côtes. Nous avons alors imaginé des objets à déposer sur le rivage et qui, sans altérer le paysage, permettraient d’enregistrer, de capter et de montrer ces forces érosives.
D’un autre côté cependant, notre objectif était aussi de réagir au site particulier de Belle-Île. Non contents de vouloir témoigner de la fragilité de ce territoire, nous avons aussi réagi au patrimoine qui nous entourait, ce qui inclut la culture et l’histoire des Bellilois. De ce fait, Éphémère reprend effectivement la forme bien identifiable des bouées d’amarrage, des pare-battages ou encore des flotteurs présents autrefois sur les filets de pêche. Produite en verre soufflé, et incorporant littéralement une chaîne de métal, cette bouée évoluait au gré des vagues et des marées. Au fur et à mesure, sa surface s’est couverte de traces, de griffures et d’ébréchures, marques du roulis incessant, avant finalement de se fracasser contre les rochers, sous l’effet de la houle. En constante évolution, et promis à une destruction rapide, Ephémère était pensé comme un objet de mesure, un marqueur de l’état transitoire d’un territoire à un moment donné, mais sur une échelle de temps extrêmement courte.
[Figure 5]
[Figure 6]
Q.M. En dépit du caractère objectif que tu revendiques, ce travail exprime aussi une réelle mélancolie. La transformation rapide de la géographie de l’île, sur laquelle tu te concentres, rappelle en même temps l’évolution, et souvent le déclin, d’une certaine culture de la mer, de certains savoir-faire traditionnels en passe de disparaître. En ce sens d’ailleurs, la bouée est bien plus fragile que son site d’implantation… Tes recherches abordent autant le patrimoine naturel que le patrimoine culturel, à commencer par le monde de la pêche. Je dirais même que, dans ton travail, l’un ne va pas souvent sans l’autre. Cette co-dépendance transparaît encore davantage dans une autre de tes réalisations de 2014 : P’tit Guy.
E.R. Oui, c’est certain. Ce projet répond simultanément à différentes préoccupations. En même temps, il s’inscrit directement dans mon histoire personnelle. Il s’agit ni plus ni moins d’un casier de pêche traditionnel, fabriqué en noisetier. Petit, j’ai souvent observé mon grand-père réparer ses filets ou fabriquer ses propres casiers ; ses gestes apparemment simples relevaient en vérité d’un véritable savoir-faire qui a presque disparu aujourd’hui. Tout en me réappropriant une technique héritée de mon grand-père, j’ai produit une série de casiers, de tailles et de formes différentes, mais pour en faire des indicateurs de marées. En lieu et place du dispositif de capture habituel, chacun de ces casiers est muni d’une vasque en verre soufflé. Cet élément fait directement référence aux creux de certains rochers qui forment de véritables bassins miniatures à marée basse. Dispersés tout au long de l’estran, ces casiers restent des systèmes de capture, mais à la manière d’aquariums temporaires. Le temps d’une marée, quelques plantes et animaux trouvent refuge à l’intérieur des casiers ; la quantité et la qualité d’eau retenue témoignent quant à elles de l’intensité de la montée des eaux.
Le projet Cénote de 2016 s’inscrit dans une démarche similaire, bien qu’aucune référence ne soit faite ici à mon histoire familiale. Contrairement à ce que tu avançais, son lien avec l’univers de la pêche me semble par contre moins évident. Réalisée dans le cadre du Festival de l’Estran en 2016, sur les plages de la Côte de Granit Rose, cette pièce s’articule encore autour du phénomène des marées, et plus précisément des grandes marées d’équinoxe d’automne. Elle se compose d’une série de cubes de Plexiglas transparents, compartimentés de manière à renfermer en leurs seins des quantités différentes d’eau de mer, et disposés à divers niveaux de l’estran ; chacun d’eux est amarré à une ancre par un cordage. À marée basse, les cubes reposent sur le sable. À marée haute, ils flottent. Le temps des marées, l’eau contenue dans les cubes subit la fameuse attraction de la Lune, dessinant à l’intérieur de ces réservoirs une ligne d’horizon suspendue au-dessus des vagues. Sous le simple effet de la gravité, un vide se crée entre l’eau des cubes et la surface de la mer. Dans le même temps, ces structures flottantes agissent comme des prismes à travers lesquels le ciel, la surface des flots et le monde subaquatique, normalement opposés, se retrouvent inextricablement mêlés. D’autres lectures sont bien sûr possibles. Au-delà de la recherche d’une certaine forme de beauté, avec ce jeu de reflets et de transparences de l’eau, ces cubes de verre synthétique peuvent encore rappeler la pollution plastique ou, autrement, la dérive de conteneurs industriels tombés des cargos de façon plus ou moins accidentelle… Pour aller jusqu’au bout de mon analyse, Cénote est pour moi un dispositif de doute. Au premier abord séduisant, il se révèle dans un second temps profondément critique. Cet aspect est loin d’être explicite, mais les cubes cristallisent différents enjeux écologiques : la pollution des mers, d’une part, mais aussi et surtout, à travers cette simple ligne d’horizon surélevée, la montée du niveau de la mer. Ces cubes ont quelque chose de l’iceberg.
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Q.M. On aborde ici un autre point fondamental du débat écologique actuel, le réchauffement climatique, une situation à laquelle tu es de fait particulièrement sensible et qui est, on le sait aujourd’hui, directement liée à la pollution d’origine humaine.
E.R. On reconnaît enfin le rôle du réchauffement climatique vis-à-vis du retrait de la banquise et de la fonte des glaciers, dont le détachement d’un des plus gros icebergs de toute l’histoire de l’Antarctique, l’A-68[16], est exemplaire. Le récent rapport spécial sur l’Océan et la cryosphère du GIEC[17] est éloquent. À travers un état des lieux complet de l’étude des interactions entre le climat et l’Océan, ce dernier y est pour la première fois défini comme enjeu majeur du changement climatique. L’Océan et la cryopsphère apparaissent clairement comme les principaux régulateurs d’un environnement terrestre jusqu’à maintenant propice au développement de la vie, et desquels dépendent directement, au premier titre, les populations des régions polaires et côtières.
Le réchauffement climatique, notamment dû à la croissance permanente des émissions de gaz à effets de serre, entraîne malheureusement la fonte accélérée de la cryosphère et, logiquement, la montée des eaux. L’élévation du niveau de la mer repose en effet essentiellement sur deux facteurs : la dilatation de l’eau salée, résultat direct du réchauffement climatique, et la fonte des glaces, première réserve d’eau douce de la planète. Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas drastiquement réduites, si nous ne freinons pas nos activités responsables d’une pollution presque exponentielle, le GIEC prédit une montée des eaux d’au moins 1,10 mètre. L’organisme Climate Central se montre encore plus pessimiste et annonce une élévation du niveau de la mer de près de 3 mètres. Et encore, seulement si l’augmentation de la température à venir ne dépasse pas les 1,5°C[18].
Q.M. Comme tu le signales, ce risque de montée des eaux menace directement les populations humaines. Or, pour suivre les réflexions des tenants de l’ « anthropocène »[19], les hommes sont les premiers responsables de cette situation. Bouleversant leur environnement, provoquant une nouvelle extinction des espèces et détruisant des écosystèmes complets, « l’humanité court à sa perte [20]». J’en reviens donc à ma remarque précédente sur les liens opérants, à travers ton travail, entre les sociétés humaines et ce que Philippe Descola rassemble sous le terme de « non-humains »[21]. Contrairement à ce que laissait supposer le début de notre entretien, tu n’envisages jamais séparément le milieu naturel et les communautés humaines. Est-ce à dire que, selon toi, l’un ne va pas sans l’autre ?
E.R. En tant qu’insulaire et descendant d’une véritable lignée de marins pêcheurs, je ne vois pas les choses autrement. Lorsque l’on parle de l’avenir de l’Océan, cela inclut pour moi nécessairement les populations de la côte, et plus encore peut-être les habitants des îles. Pour eux, le littoral est crucial. Il détermine la majeure partie de leurs activités et organisations : pêche, artisanat, ingénierie, musique, récits, religion, urbanisme, tourisme, sport… Et il ne s’agit pas d’une minorité, au contraire. À l’échelle de la planète, 3 personnes sur 4 vivent près d’une côte.
Au niveau d’un pays, ou d’une région, souvent densément peuplées, les zones littorales représentent un socle économique essentiel. C’est ce que l’on appelle l’économie bleue. Plus grande région côtière de France, dotée de 22 ports de pêche, la Bretagne concentre ainsi à elle seule plus de la moitié du tonnage national de poissons et de crustacés, et près d’un tiers de la production de coquillages, faisant de la France l’un des acteurs majeurs de la conchyliculture[22]. La montée des eaux menaçant directement le territoire breton, ces activités se trouveront inéluctablement impactées, perturbant à leur tour obligatoirement l’économie du pays.
Dans ce contexte, mon intérêt pour la pêche maritime n’est pas seulement d’ordre personnel ou familial. En Bretagne, tout particulièrement, cette activité est fondamentale, et d’un point de vue économique d’abord, certes. Directement ou indirectement, la pêche fait vivre des milliers de personnes et des centaines d’entreprises sur la péninsule bretonne. Mais il s’agit aussi d’un ferment culturel et social. J’insiste : la pêche constitue une part importante d’un patrimoine qu’elle continue en même temps de forger. Après, pour répondre à ta précédente question sur les rapports entre pêche locale, le plus souvent côtière, et pêche industrielle, il ne s’agit pas d’une franche opposition. Il n’y a pas d’un côté une activité vertueuse et, de l’autre, une « mauvaise » pêche.
Q.M. On ne peut pas parler des différentes méthodes de pêche de cette manière, bien sûr. Et je ne tiens pas à du tout à les aborder sous l’angle de l’éthique… En revanche, tout ton travail témoigne bien d’un profond engagement à l’égard d’une certaine pratique, ou d’une certaine vision de la pêche. En même temps, tu cherches à t’impliquer dans la défense du patrimoine naturel marin…
E.R. Rien que dans le port de Palais, à Belle-Île, les chalutiers et autres bateaux de pêche familiaux ont diminué de moitié en l’espace de vingt ans. Je l’ai constaté, évidemment… Et encore, cela n’est rien si on compare la situation actuelle de l’île avec son aspect d’il y a cinquante ou soixante ans. Autrefois, l’économie de l’île reposait principalement sur la pêche à la sardine. On appelle ça « la pêche à la bolinche ». Aujourd’hui, très clairement, c’est le tourisme qui fait vivre l’île. Et Belle-Île n’est qu’un cas parmi d’autres… Le développement de la pêche industrielle au détriment des pêcheurs de métier est sans doute en partie responsable de cette évolution ; longeant les côtes, les pêcheurs de l’île ne peuvent concurrencer les gigantesques chalutiers qui, eux, croisent au large. Les gens de Belle-Île se tournent vers le tourisme et les loisirs, plus rentables.
Ceci dit, il faut bien faire attention à ne pas confondre pêche artisanale et pêche durable. La pêche côtière, artisanale, n’est pas nécessairement durable ; la pêche industrielle n’est pas obligatoirement néfaste. L’exemple de la pêche à la légine en Antarctique le montre parfaitement. Bien qu’il s’agisse d’une pêche industrielle, sa pratique est extrêmement surveillée et jusqu’à présent très bien gérée. En dépit d’une prédation humaine relativement importante, cette espèce s’avérant très appréciée par les marchés asiatiques, le nombre de légines australes reste stable depuis près de vingt ans[23].
À l’échelle de la planète, le poisson est l’une des premières sources d’alimentation, un rôle que la croissance démographique mondiale ne viendra que confirmer lors des prochaines décennies[24]. Or, il faut comprendre qu’une pêche artisanale, malheureusement, ne pourra jamais subvenir à elle seule à un tel besoin. Les petites embarcations ne peuvent aller là où mouillent les flottes industrielles. D’ailleurs, à parler de gestes, de techniques et de rentabilité, ces deux méthodes sont en fait difficilement comparables. Si l’on met de côté les questions des subventions économiques et des décisions politiques, je ne suis même pas sûr qu’il s’agisse encore des mêmes métiers. Personnellement, je privilégie forcément la pêche artisanale. C’est une activité que j’admire, qui repose sur des savoir-faire transmis de génération en génération. Ou à des passionnés. Mais pour que ce métier perdure, il faudrait repenser notre système de consommation.
Q.M. C’est là qu’intervient cette idée de durabilité à propos de la pêche.
E.R. Oui, mais la notion de « pêche durable » reste à définir. Actuellement, la certification d’une pêche durable repose uniquement sur une gestion des stocks espèce par espèce. C’est ce que l’Union Européenne appelle « RMD », pour « rendement maximum durable »[25]. On ne s’intéresse principalement qu’à la pression que la pêche exerce sur les différentes espèces de poissons et de crustacés. En 2011 encore, 90% des stocks de poissons marins étaient surexploités[26]. Les ressources halieutiques benthiques ont quant à elles déjà été divisées par 10 sous l’effet de la pêche en eau profonde[27]. En d’autres termes, là où on trouvait l’équivalent de 1000 tonnes de poissons, il n’en reste que 100.
Aujourd’hui, la pression due aux activités de pêche a diminué de moitié[28]. Pour le moment, dans le cadre du développement de cette pêche durable, les prélèvements ne doivent pas excéder 20% des stocks de poissons[29]. Quand la prédation humaine diminue, le nombre de poissons augmente naturellement. C’est mathématique. Dans les eaux européennes, depuis une quarantaine d’années, on observe ainsi une croissance de près de 40 % du nombre de poissons[30]. Des 100 tonnes initiales, nous sommes passés à 140, un résultat que l’Union Européenne souhaite doubler.
Ces décisions politiques et ces divers quotas commencent à porter leurs fruits, on le constate. Certaines techniques de pêche ont aussi été interdites, à commencer par la pêche électrique qui, pour le coup, est vraiment néfaste pour les écosystèmes ciblés[31]. Mais ce n’est pas assez. À mon sens, on ne peut pas encore parler de pêche durable. Plutôt que d’envisager les effets de la pêche espèce par espèce, il faudrait comprendre le problème dans sa globalité. On ne peut plus aujourd’hui étudier un animal sans prendre en considération son milieu. Alors que l’on parle de biotopes et d’écologie, de dépendance inter-espèce, cela n’a plus vraiment de sens.
L’idéal, pour moi, et comme le préconise Didier Gasquel[32], serait de repenser la pêche à l’échelle des écosystèmes… Oui… développer une approche écosystémique de la pêche. Et cela doit s’accompagner d’une transition des méthodes et des usages. En France, 70% des pêches débarquées sont effectuées au chalut de fond, une technique dont on connaît les conséquences désastreuses[33]. Dans le monde, 25% des prises annuelles en milieu sauvage sont réduites en farine pour l’aquaculture[34]… À l’heure où ces milieux naturels sont particulièrement menacés, une telle pratique est aberrante. Il ne faut surtout pas se limiter à une gestion des ressources halieutiques. Non… Le cas de la farine animale le montre bien. Nous devons nous interroger sur nos besoins, sur les raisons qui nous poussent à pêcher, afin de définir la meilleure façon d’exploiter ces ressources. Ce n’est que de cette manière, je pense, que la pêche artisanale a des chances de perdurer face aux grandes compagnies de pêcherie industrielles.
Ces questions m’intéressent énormément. Dans le cadre de la prochaine expédition du voilier Sailing Hirondelle[35] à laquelle j’ai été invité à participer, je prépare d’ailleurs un nouveau projet en réaction aux problèmes de la surpêche en Mer du Nord. Nous devrions normalement partir au mois de juillet prochain.
Bibliographie :
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Site du voilier d’expédition Sailing Hirondelle, URL : https://www.sailinghirondelle.com/
Site du Studio Swine, URL : https://www.studioswine.com/
[1] Les sources sur le sujet sont nombreuses, et plusieurs feront l’objet de notes de bas de page dans le cadre de cet entretien. Voir par exemple « Pourquoi le plastique a-t-il un impact (très) négatif sur l’environnement ? », site du journal Ouest-France [en ligne], mis en ligne le 27 mars 2019, consulté le 15 mai 2020. URL : https://www.ouest-france.fr/environnement/ecologie/pourquoi-le-plastique-t-il-un-impact-tres-negatif-sur-l-environnement-6280346.
[2] Voir Jenna R. Jambeck (dir.), « Plastic waste inputs from land into the ocean », Science, vol. 347, n°6223, 13 Feb 2015, pp. 768-771.
[3] Consulter à ce propos le site de l’Ocean & Climate Platform dont les schémas sont particulièrement efficaces. Voir notamment la page « L’Océan : thermostat de la planète » [en ligne], mise en ligne le 17 mars 2015, consultée le 13 mai 2020. URL : https://ocean-climate.org/?page_id=4537.
[4] Selon Greenpeace en effet, « environ 12,7 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans » (« Pollution plastique : changeons de modèle économique ! », site de Greenpeace [en ligne], mis en ligne le 08 août 2018, consulté le 10 mai 2020. URL : https://www.greenpeace.fr/pollution-plastique-changeons-de-modele-economique/).
[5] Voir Jenna R. Jambeck (dir.), « Plastic waste inputs from land into the ocean », op.cit., ainsi que le rapport du WWF de l’année 2019 Pollution plastique : à qui la faute ?, site du WWF [en ligne], mis en ligne le 05 mars 2019, consulté le 13 mai 2020. URL : https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2019-03/20190305_Rapport_Pollution-plastique_a_qui_la_faute_WWF.pdf.
[6] voir notamment Callum Roberts, Océans : la grande alarme, Paris, Flammarion, 2013, chapitres 9 et 10, « Nos substances chimiques prennent le large » et « L’Ère du plastique ».
[7] Voir Joël Cossardeaux, « Plastique : une pollution qui vire au désastre écologique », site du journal LesÉchos [en ligne], mis en ligne le 12 juin 2019, consulté le 09 mai 2020. URL : https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/plastique-une-pollution-qui-vire-au-desastre-ecologique-1028304.
[8] À propos des travaux d’Anne Percoco, de Ian Trask et de l’ensemble des artistes du Project Vortex, consulter le site du collectif. URL : https://www.projectvortex.org/.
[9] Voir le site du collectif Precious Plastic. URL : https://preciousplastic.com/.
[10] Une description détaillée du projet est disponible sur le site du Studio Swine [en ligne], mis en ligne le 25 novembre 2012, consulté le 14 mai 2020. URL : https://www.studioswine.com/work/sea-chair/.
[11] Voir la notice de l’œuvre de Constantin Brancusi, La Colonne sans fin III, avant 1928, disponible sur le site du Centre Pompidou [en ligne], mis en ligne le 09 octobre 2012, consulté le 15 mai 2020. URL : https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cezEGrR/rEoR4gL.
[12] L’ojibwé et un langue amérindienne, propre au peuple ojibwé, originaire de la région des Grands Lacs et des plaines de l’ouest, en Amérique du Nord.
[13] Voir à ce propos Marius Barbeau, Totem Poles of the Gitksan, upper Skeena River, British Columbia, Ottawa, F.A. Acland, 1929.
[14] Voir Abraham Moles, « Nissonologie ou science des îles », L’Espace géographique, n°4, 1982, pp.281-289.
[15] À propos de cette citation, voir Salomon Reinach, « Courrier de l’art antique », Gazette des Beaux-Arts, n°2, 1928, p. 215, et Michel L’Hour, « Le Musée et l’archéologue subaquatique : une union bénéfique mais parfois ambigüe », Compte rendu de la conférence annuelle du MICMAH « Les Dimensions déontologiques et éthiques de l’archéologie », Athènes, Grèce, 10-14 novembre 2015, 2015, p.30. Disponible sur le site de l’ICOM [En ligne], consulté le 16 mai 2020. URL : http://network.icom.museum/fileadmin/user_upload/minisites/icmah/PDF/Athens_conference_publication.pdf.
[16]À propos de l’iceberg A-68, détaché de l’Antarctique en 2017, voir par exemple Bruno Alvarez, « A68, le plus grand iceberg du monde, dérive vers l’Atlantique. Faut-il s’en inquiéter ? », site du journal Ouest-France [en ligne], mis en ligne le 06 février, consulté le 12 mai 2020. URL: https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/80839/reader/reader.html#!preferred/1/package/80839/pub/114513/page/9.
[17] IPCC, The Ocean and Cryosphere in a Changing Climate, Monaco, 2019, disponible sur le site de l’IPCC (« Intergovernmental Panel on Climate Change », traduit par GIEC en Français, pour « Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) [en ligne], mis en ligne de 24 septembre 2019, consulté le 16 mai 2020. URL : https://report.ipcc.ch/srocc/pdf/SROCC_FinalDraft_.
La cryosphère désigne la partie gelée de l’eau terrestre, ce qui inclut autant les zones de neiges et de glaces qui restent à l’état solide pendant la majeure partie de l’année. Voir le site de la NOAA, « What is the cryoshere ? » [en ligne], mis en ligne le 15 novembre 2019, consulté le 10 mai 2020. URL : https://www.noaa.gov/stories/what-is-cryosphere-ext.
[18] Voir notamment sur le site de Climate Central « Sea Level Rise » [en ligne], mis en ligne le 14 décembre 2012, consulté le 10 mai 2020. URL : https://www.climatecentral.org/what-we-do/our-programs/sea-level-rise.
[19] Popularisé par le chimiste nobélisé Paul Crutzen en 1995, le terme « anthropocène » est littéralement l’ « âge de l’humanité ». Sujet à polémiques, il désigne l’actuelle période géologique, laquelle remonte au moment où les activités humaines commencent à produire des incidences sur l’ensemble du globe. Voir par exemple à ce sujet Pierre Pech, « Anthropocène », site de l’Hypergeo, [en ligne], mis en ligne le 23 février 2016, consulté le 14 mai 2020. URL : http://www.hypergeo.eu/spip.php?article658.
[20] J’emprunte cette formule à l’article d’Alexandre Shields, « L’Humanité court à sa perte, préviennent 15 000 scientifiques à travers le monde », site du journal Le Devoir [en ligne], mis en ligne le 14 novembre 2017, consulté le 15 mai 2020. URL : https://www.ledevoir.com/societe/environnement/512875/cop23-hausse-des-emission-de-ges.
[21] Voir Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2015, p.31.
[22] Voir à ce sujet le rapport du Ministère français de l’agriculture et de l’alimentation, Recensements de la conchyliculture 2001 et 2012, 2012. Disponible sur le site du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation [en ligne], mis en ligne le 07 août 2017, consulté le 15 mai 2020. URL : https://agriculture.gouv.fr/recensement-de-la-conchyliculture-entre-2001-et-2012.
[23] À propos de la pêche de la légine australe, voir notamment la page « Pêche à la légine », site des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) [en ligne], mise en ligne le 03 octobre 2019, consultée le 11 mai 2020. URL : https://taaf.fr/missions-et-activites/peche-durable-et-raisonnee/peche-dans-les-australes/.
[24] Voir à ce sujet le rapport du WWF, Nourrir l’humanité à l’horizon 2050. Quel impact des pêcheries marines sur la sécurité alimentaire mondiale ?, 2017, disponible sur le site du WWF [en ligne], mis en ligne le 24 février 2017, consulté le 09 mai 2020. URL : https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2017-07/1702_nourrir_humanite_a_lhorizon_2050.pdf.
[25] Le RMD, parfois appelé PME (« Production Maximale Équilibrée ») et MSY en anglais (« Maximum Sustainable Yield »), fixe « la plus grande quantité de biomasse que l’on peut extraire en moyenne et à long terme d’un stock halieutique dans les conditions environnementales existantes, sans affecter le processus de reproduction » (« Pour une pêche durable », site de l’Ifremer [en ligne], mis en ligne le 20 juillet 2015, consulté le 25 mai 2020. URL : https://wwz.ifremer.fr/peche/Les-grands-defis/Les-priorites/Rendement-maximal).
[26] Voir les propos de Philippe Cury, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), recueillis par Mickaël Bosredon dans « Pêche: “ En Europe, 90% des stocks de poissons sont surexploités ” », site du journal 20 minutes [en ligne], mis en ligne le 14 septembre 2011, consulté le 27 avril 2020. URL : https://www.20minutes.fr/planete/787088-20110914-peche-en-europe-90-stocks-poissons-surexploites.
[27] Fondatrice et présidente de l’association BLOOM, Claire Nouvian intervient très régulièrement sur le sujet. Un enregistrement de sa conférence donnée le 11 avril 2012 à l’Institut Océanographique de Paris, « Les Aberrations multiples de la pêche profonde », est notamment disponible sur la plateforme Youtube. URL : https://www.youtube.com/watch?v=NouCnAHI7qU.
[28] Voir le communiqué de presse de l’Ifremer du 1er février 2019 « Les Ressources halieutiques françaises : bilan 2018 », disponible sur le site de l’Ifremer [en ligne], mis en ligne le 01 février 2019, consulté le 06 mai 2020. URL : https://wwz.ifremer.fr/content/download/124502/file/CP_halieutique_ifremer.pdf.
[29] Voir le rapport de la FAO de 2018 La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, disponible sur le site de la FAO [en ligne], mis en ligne le 09 juillet 2018, consulté le 06 mai 2020. URL : http://www.fao.org/3/I9540FR/i9540fr.pdf.
[30] Propos de Didier Gasquel recueillis dans le documentaire radiophonique Surpêche on touche le fond, diffusé sur France Culture le 19 février 2019 dans l’émission La Méthode scientifique.
[31] Consulter à ce propos l’article « Victoire : la pêche électrique sera interdite en Europe en 2021 » sur le site de l’Association BLOOM [en ligne], mis en ligne le 13 février 2019, consulté le 07 mai 2020. URL : https://www.bloomassociation.org/victoire-peche-electrique/.
[32] Voir Didier Gasquel, Pour une révolution dans la mer, Paris, Acte Sud, 2019.
[33] Voir notamment la page « Pêche profonde » sur le site de l’association BLOOM [en ligne], mise en ligne le 08 mai 2012, consultée le 06 mai 2020. URL : https://www.bloomassociation.org/nos-actions/nos-themes/peche-profonde/.
[34] Voir par exemple l’article « Un quart des poissons pêchés dans le monde est transformé en farine » sur le site du journal L’Express [en ligne], mis en ligne le 14 février 2017, consulté le 07 mai 2020. URL : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/un-quart-des-poissons-peches-dans-le-monde-est-transforme-en-farine_1879120.html.
[35] Voir le site officiel du voilier d’expédition Sailing Hirondelle. URL : https://www.sailinghirondelle.com/.
Citer cet article
Esteban Richard, « Esteban Richard : « L’appel de l’Océan ». Entretien avec Quentin Montagne », [Plastik] : Art et écologie : des croisements fertiles ? #09 [en ligne], mis en ligne le 14 septembre 2020, consulté le 15 novembre 2024. URL : https://plastik.univ-paris1.fr/2020/09/14/face-a-la-mer-entretien-avec-quentin-montagne/