L’eau de l’art
Sylvie Dallet
Nr 06 . 18 avril 2019
Résumé : « L’art lave notre âme de la poussière du quotidien. » Cette phrase de Picasso suggère l’image du soin dont il serait le fontainier. Par l’usage des onguents et des eaux, l’artiste prend place parmi les guérisseurs, détournant le médicament par la transe interprétative qui l’accompagne. De l’Hôtel-Dieu de Tonnerre à Paris, les expériences artistiques d’Hervé Fischer, Marion Baruch, Myriam Mihindou, Lionel Sabatte s’inspirent des rituels énergétiques. Ces expériences réinventent des inspirations élémentaires (eau, lumière, matière), dans une créativité curatrice, puisée à des sources mythiques subtiles. L’eau qui traverse les mondes se fraie un chemin au-delà des corps.
Mots Clefs : eau lustrale, rituels, guérison, créativité curatrice, pharmacie, mythe
« L’art lave notre âme de la poussière du quotidien[1]. » Cette phrase de Picasso, peintre, céramiste et sculpteur de son état, offre une image presque trop propre. L’eau de l’art éclabousserait comme un rituel de soin, une fontaine de jouvence. L’œil de l’artiste, réceptacle de son âme, a besoin d’un collyre pour se révéler.
En juillet 2017, l’hôpital de Tonnerre accueille au milieu des œuvres des quatorze artistes présentés, quelque cinquante-six savons patiemment travaillés par Myriam Mihindou, issus de sa collection personnelle. L’eau, puis la main, ont creusé des rigoles dans d’anciens savons de Marseille perforés de ficelles et d’aiguilles. Le lavage des mains s’imagine au travers les formes parfumées. Les objets sensuels qui s’alignent dans la vitrine horizontale de l’ancienne pharmacie hospitalière de Tonnerre correspondent à des figures de cire chargées de pensées.
À l’été 2017, dans le même temps que l’exposition collective « Prendre soin ? » de Tonnerre, le Centre Pompidou organise une rétrospective de l’œuvre de l’artiste et sociologue franco-canadien Hervé Fischer. Un « art sociologique » qui s’exprime par les livres, des essais filmés, des performances. Un des premiers espaces dédiés de la manifestation appelle une expérience menée par Hervé de 1971 à 1975 sur l’usage de la pharmacie : une blouse blanche, des torchons, soixante-quinze boîtes de pilules, un tampon qui en authentifie l’usage. La Pharmacie Fischer & Cie nomadise dans les capitales, à l’écoute des maux des personnes. L’artiste guérisseur (ou médica-menteur) va fabriquer des pilules qui apaisent les souffrances, imaginaires et réelles, des gens qu’il rencontre, puis il consigne scrupuleusement les désirs exprimés en catégories formelles.
Le franco-espagnol Picasso est né en 1881, le franco-canadien Hervé Fischer en 1942, la franco-gabonaise Myriam Mihindou en 1964. Des générations différentes ont joué à saute frontière.
Hervé Fischer explore les artefacts de la pharmacie au moment où Picasso disparaît. Myriam Mihindou explore le pouvoir symbolique du savon un siècle après la naissance du peintre espagnol. Un porte-savon Picasso à l’emblème de la colombe est désormais commercialisé par une petite entreprise, mais il n’attire guère les acquéreurs. Ces trois artistes ont des affinités avec les frontières, dans un franchissement incessant de l’eau, que le fleuve opère. La résurgence de l’Yonne, à la Fosse Dionne au centre de la ville de Tonnerre symbolise ce mystère de l’eau qui vient de loin.
Il faut pour avancer dans les eaux mêlées des savoirs, interroger leurs sources et les résurgences. L’essayiste Roger Caillois[2] en exprime ainsi la philosophie secrète : «les hommes, eux-mêmes, passent ainsi par des pertes souvent durables, et en resurgissent ensuite, recouvrant mystérieusement, souvent à la fin de leur vie, leur paysage premier… […]». On peut comparer la source sacrée de l’Yonne, parée d’irisements turquoise, connue depuis l’Antiquité celte, au fleuve Alphée[3], que les anciens Grecs associaient à la résurgence de la nymphe Aréthuse, fleuve lié pour toujours à une fontaine, après l’avoir pourchassée en vain.
Ces trois artistes, aux frontières des savoirs, ont la nostalgie d’une résurgence mythique de la fraicheur d’enfance. Picasso entend retrouver cette mythique jeunesse (« on met longtemps à devenir jeune ») en détruisant les formes apprises, à travers des accidents qu’il place dans le processus des métamorphoses nécessaires. L’essayiste-artiste Hervé Fischer écrit, dans un veine analogue, un ouvrage iconoclaste L’histoire de l’art est terminée[4] dans lequel une partie est entièrement consacré à « L’hygiène de l’art » et un chapitre à « L’hygiène de la peinture » à côté d’une « Pédagogie de l’essuie-main ». Il définit cette hygiène de l’art comme une démarche prophylactique qui pourrait, par la matérialisation, revenir aux sources du bien-être. Il cite Arthaud (Mexique, 1936) : « …j’allais vers le peyotl pour me laver ».
Myriam Mihindou, architecte, performeuse et photographe, explore les matières et les effets à la recherche d’une énergie muette : cette aphasie[5] la guide dans la traversée des pays dont elle a besoin pour traduire ses origines. L’aphasie est le fait, de ne rien pouvoir dire sur les choses. De cette situation, toute transformation profonde s’effectue par un pétrissage, un mouvement, une musique du corps qui élance la guérison au travers les objets et les postures.
Se laver de la poussière du monde, boire à la source de l’hospitalité, métamorphosent les larmes en onguents. Prendre soin offre une apparence de sens limpide, mais puisé à une source inconnue. Le soin est, en effet d’une étymologie incertaine, tantôt du latin somnius qui l’apparente à songer à quelqu’un, tantôt soing qui le relie à besogner et à besoin, avoir de la sollicitude pour quelqu’un. Prendre soin c’est pourvoir aux besoins, dans une attention singulière qui se métamorphose à la demande.
L’onguent succède à l’eau lustrale, aux feuilles frottées contre les plaies, à la main qui caresse. Accueillir, désaltérer, laver, nettoyer, oindre, panser sont les actes du soin quotidien. Modelage, pétrissage, expérimentation sont les réponses anciennes que la politique moderne du médicament dénature.
Dans la crypte de l’Hôtel-Dieu de Tonnerre, une mise au tombeau du Christ, commandée en 1453 par un bourgeois mécène, Lancelot de Buronfosse, révèle une étonnante disposition des corps et des objets. Les femmes guérisseuses sont en surplomb du corps supplicié alors que la mère est sculptée en retrait. Marie, mère du Christ, reste à l’écart, visage voilé, tandis que Marie-Madeleine au visage découvert et aux gestes amples occupe le centre du groupe, son pot d’onguent ouvert. Marie de Salomé qui l’accompagne porte à la ceinture des parfums liquides [6]dans des fioles, des pots d’onguent ou des burettes pour embaumer et oindre le corps du Christ. L’onguent parfumé est, comme le savon, d’une consistance molle, que l’on obtient en faisant fondre des corps gras et des résines. Appliqué sur les plaies et les tumeurs, le baume rappelle le façonnage du potier et du boulanger, mais convoque aussi les gestes du parfumeur et le barbier.
Deux processus magiques accompagnent culturellement l’imaginaire du soin. Le pétrissage des objets vaudous, issus de terre, de cheveux, d’os et de tissus trace son arc culturel entre l’Afrique et les escales caraïbes de la traite. En Europe centrale, les lettres de la kabbale et l’eau lustrale ont animé au XIIème siècle une créature sans âme faite pour la protection et le soin de la communauté juive de Prague. De sa province champenoise parcourue de sources, le philosophe Bachelard rappelle que cette pâte est profondément notre matière et façonne en profondeur notre spiritualité. Il écrit dans L’eau et les rêves « tout m’est pâte ».[7] Cinquante années plus tard, l’artiste Lionel Sabatte[8] façonne avec cette poussière des têtes en ongles et peaux, des femmes aux cheveux filasse, des oiseaux mazoutés et des loups de poussière. La poussière triturée offre un aspect duveteux, d’une trivialité étrange. La sculpture n’est plus « soignée » : ce n’est pas l’histoire de l’art qui est morte, mais, une vie d’ordures qui s’impose à la création. L’énergie aphasique du Golem d’argile, guidée par les lettres EMET (Vérité) va être happée par la folie urbaine et le soin détourné va devoir retourner à la poussière.
La pharmacie reste un aparté de l’hôpital, un reliquaire de formules qui passent au fil des ans, des pots aux fioles puis aux cartonnages. De même, la résurgence « divine » de la Fosse Dionne à Tonnerre est passée de l’espace des lavandières à celle des passants qui contemplent l’anse turquoise déshabitée. Le temps fuit comme l’eau vive au secret de la source. Un lieu secret, n’est-ce pas la condition de toute création qui se fraie un passage nouveau ? Le cœur du secret, c’est ce qui se crée, ressource en sa source.
L’art nomade réfléchit le soin d’une autre façon : ne pas perdre le fil de ce qui se trame, des nerfs aux tissus. L’expérience qui suit me semble imprégnée d’une autre pensée, celle d’Ivan Illitch (1926-2002), penseur nomade désormais consacré des « outils de convivialité ». En 2010, l’artiste italo-roumaine Marion Baruch, née en 1929 à Timisoara (Roumanie), entame à Paris où elle réside, une trilogie personnelle, Mon corps où es-tu ?, après avoir repensé les concepts de l’art relationnel et de la cognition incarnée[9]. Marion, comme Ivan Illitch, a traversé l’Europe en exilée, contrainte par les persécutions nazies. Fixée par son mariage en Italie, elle a travaillé comme traductrice et conceptrice textile à Gallarate près de Milan[10]. L’action participative qu’elle imagine à Paris, son lieu de paix, se présente comme la « Posologie d’une quête de guérison », initiée par l’action performative de La chambre vide.
[Figure 1]De son petit appartement de la rue du Sorbier, Marion Baruch reçoit, dans une pièce nue, toute personne qui souhaite répondre à ses annonces diffusées dans la presse locale. Vider une pièce des meubles et des objets souvenirs qui en peuplent l’imaginaire est une action radicale qui confère au lieu une fonction bienfaisante. Le soleil y dessine des angles joyeux, illuminant la parole des hôtes de passage. Malvoyante, Marion Baruch guette cette régulière apparition qui se joue d’elle et la réconforte de ses douleurs physiques et intimes. Puis, elle organise dans le hall de la Maison des Sciences de l’Homme de Paris (partenariat Institut Charles Cros[11]) un espace tendu d’un filet de pêche où elle a rassemblé durant des mois les emballages de médicaments, les siens et ceux qu’on lui apporte. Elle invite ses amis et les chercheurs, à barboter dans cet enclos d’emballages, les fouler aux pieds, les considérer comme la mer de déchets qu’il faut traverser pour aller à la rencontre des autres, les humains. La lumière et l’eau fictive accompagnent ses actions de nettoyage spirituel. Les éléments sont partenaires de la création qui prend en son filet les passants.
En juillet 2017, la plasticienne Jeanne Susplugas étale devant la pharmacie de Tonnerre un tapis de médicaments collectés pour l’occasion. Un rouleau compresseur écrase méthodiquement les emballages, au vu et au su des praticiens hospitaliers et des hôtes du vernissage. Entre l’expérience de la vieille dame sagace et celle de la jeune femme radicale, l’énergie artistique a changé de bord.
Retour au volet trois de la performance baruchienne. Après la nage médicamenteuse, Marion Baruch avec une équipe d’amis et de curieux, décide de collecter les rebuts des ateliers de confection du Sentier. Elle s’initie alors aux nouets, analogues aux nœuds de la destinée que les Parques antiques assemblent après avoir dévidé les vies de chacun. Grâce à La collecte des chutes, Marion nous invite à créer des objets textiles singuliers, assemblant les lambeaux extraits des poubelles. Le point d’orgue de ces chiffons de plein vent s’expose au Vent se lève !, la scène théâtrale[12] dont de Jean-Pierre Chrétien Goni est le directeur artistique. Dans une sorte de cérémonie, des dizaines de personnes nouent silencieusement des bouts de tissus, rebuts devenus objets de soins. Fragilement juchée sur le monceau des étoffes qui seront bientôt vendues aux enchères, j’explique, à la demande de Marion, les formes du chamanisme dont les processus s’apparentent, en effet, du réassemblage. Lors de la conférence, je glisse inexorablement dans cette mer de tissus jusqu’à finir agenouillée, presque enfouie dans le vrac moelleux qui se défait. La parole a été engloutie dans une fosse multicolore.
Sept ans plus tard, revenue à Gallarate en Italie, berceau de ses premières activités textiles, l’artiste en bout de vie continue une œuvre architecturale de bouts de tissus. Presque aveugle, Marion Baruch sélectionne au touché les étoffes qui, sous les effets conjugués du hasard et du geste intuitif, deviennent des œuvres textiles, à la fois sculptures, portraits, esquisses d’une géographie aérienne dont elle a su préserver les raccords. Ces étonnants assemblages arachnéens sont exposés par la galerie parisienne Anne-Sarah Benichou sous le titre « Le parti pris des nuages » du 20 mai au 13 juillet 2017.
[Figure 2]Nuages, eau du ciel, onguents… la conjonction des soins humides se perpétue singulièrement en décembre 2017 par le film du mexicain Guillermo del Toro : la Forme de l’eau. Une jeune femme muette, femme de ménage dans un laboratoire américain ultrasecret des années 1960, prend soin d’une extraordinaire créature aquatique irisée de turquoise, que les scientifiques veulent disséquer afin d’en comprendre les secrets. Après la compassion, l’amour vient, puis le drame, car un chasseur cruel pourchasse la jeune femme jusqu’à la tuer. Avant d’entraîner la jeune fille dans les eaux profondes où elle pourra renaître, la créature aquatique, dieu des sources selon les Amérindiens, impose les mains et guérit les souffrances des âmes sincères qui lui font confiance. Les docks profonds où les amoureux s’immergent, prennent la couleur turquoise de la guérison, couleur que les Tibétains comme les Amérindiens considèrent pour être curatrice. Le dieu des sources calmes, comme naguère le vieillard de la mer Nérée, magnifie des amours secrètes, aphasiques et colorées. Bachelard en 1942[13] écrivait déjà sur « la morale de l’eau » qui s’exerce au travers de ses murmures, tour à tour chansons cristallines et paroles vives.
L’exposition de la pharmacie de l’hôpital de Tonnerre puisait implicitement dans l’imaginaire des sources anciennes, où l’artiste chamane reste curateur, par le geste de lavement, par la lumière et la couleur. Le propre de cet imaginaire sourd comme autant de sources apaisantes et résurgentes. Pour ultime projet, la ville de Tonnerre envisage de créer des résidences d’artistes sur le pourtour de la Fosse Dionne, renouant avec les matières liquides de l’inspiration de l’eau. Cette capillarité silencieuse des initiatives ne peut qu’irriguer un eau-delà de l’art, qui puise au plus profond de l’identification humaine avec l’eau de la vie. Au travers cette eau vive, les destins se nouent par des gestes attentifs et patients d’artistes réunis en communautés saute-frontières parce qu’ils ont ressenti et refusé la douleur d’un monde cloisonné.
Pour aller plus loin dans le puzzle d’éléments disparates que constituent les pratiques créatives de soin, revenons à la figure centrale de la sortie du tombeau de Tonnerre, commanditée par Lancelot de Buronfosse (et sans doute, son épouse ou sa mère, tant la présence féminine de la sculpture est forte) aux frères Sornette, de l’atelier de Claus Sluter. Les exemples que j’ai cousus en mémoire, parfois à mon insu sur plusieurs années, mettent en évidence deux expressions artistiques que peuvent subtilement incarner les expériences de Myriam Mihindou et Marion Baruch, deux femmes de l’exil et du voyage, subi puis consenti. Inscrivant leurs créations, l’une autour du savon, l’autre autour des bandelettes, elles sont en proximité symbolique de Marie Madeleine et de Marie, mère du Christ. Myriam et Marion, les deux Marie, contemplent sur un corps que hissent deux hommes hors du tombeau. La femme ouvre les mains dans un geste ample de guérisseuse, la mère couverte d’un voile qui dérobe son regard est proche de la tête du Christ, le fils mort. Le geste et le secret forment un arc artistique aérien. L’arc en ciel du soin se tend sur cinq siècles, comme une mémoire subtile et souterraine qui conduit de la pierre immobile au renouveau des pratiques éphémères et au travail des corps. La cérémonie médiévale de la crypte a retrouvé sa résurgence contemporaine. Depuis la sculpture monumentale silencieuse, dépouillée des couleurs qui naguère la paraient, la symbolique annonce une embellie turquoise.
[Figure 3][1] Pablo Picasso, Propos sur l’art, Gallimard, 1998.
[2] Roger Caillois, Le fleuve Alphée, Paris, Collection l’Imaginaire, Gallimard 1978.
[3] Dans la mythologie grecque, Aréthuse est une nymphe Néréide du cortège d’Artémis, à la fois lunaire et marine. Un jour, fatiguée, elle s’arrête au bord l’Alphée pour s’y baigner, le dieu fleuve la pourchasse de son amour. Pour lui échapper, elle s’enfuit jusqu’en Sicile et implore le secours d’Artémis qui, après avoir tenté de la cacher dans un nuage, change la Néréide en fontaine. Alphée mêle alors ses eaux à celles d’Aréthuse qui disparaissent pour venir rejaillir à Ortygie, île voisine de Syracuse, où elles forment une fontaine d’eau douce entourée des eaux salées de la mer. Source Wikipédia
[4] cf. classiques.uqac.ca/ contemporains/fischer_herve/histoire_art_terminee/histoire_art.html
[5] Le mot « aphasie » vient du grec « phasis » (parole) et signifie « sans parole ». Le terme clinique est revendiqué dès 1864 par le médecin Armand Trousseau, mais on trouve le concept d’aphasie dans la philosophie grecque antique, notamment chez Pyrrhon d’Elis. Celui-ci enseignait que l’essence des choses est indéterminable et indicible.
[6] Marie Salomé Myrophore (du grec muron, « parfum liquide » et du verbe phoreo, « porter ») signifie « Qui porte du parfum liquide ».
[7] Gaston Bachelard, La terre et les rêveries de la volonté, Paris, José Corti, 1948
[8] Le plasticien Lionel Sabatte, né à Toulouse en 1975 expose des œuvres organiques réalisées avec de la poussière. Sa dernière pièce s’intitule Golem ! Avatar d’une légende d’argile, exposée en juillet 2017 au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, à l’occasion de l’exposition homonyme.
[9] Pour le philosophe et biologiste Francisco Varela (1946- 2001), l’homme est un corps pensant… qui se reconstruit sans cesse. Cette incarnation de la cognition réfute le dualisme cartésien et se rapproche des récentes découvertes de l’ostéopathie mais aussi des approches du chamanisme et du bouddhisme.
[10] Dans les années 1990, l’artiste expose avec le galeriste milanais Inga-Pin, qui la présente à plusieurs reprises dans des expositions et foires telles ArtBasel et ArtCologne. À cette époque, Marion Baruch signait ses œuvres sous le label Name Diffusion, menant des actions artistiques sous la forme d’un collectif non incarné. Renouvelant sa pratique, Marion Baruch intervient désormais sur des chutes de tissus. Rebuts de la société industrielle et urbaine, ces restes lui sont remis par sacs entiers venant des usines de textiles de haute-couture et prêt-à-porter, de l’industrie milanaise. Marion Baruch a participé à l’exposition Time is Out of Joint à la Galerie Nationale d’Art Moderne et Contemporain de Rome, aux côtés de Boetti, Calder et Rondinone et à la Biennale de Timisoara sous le commissariat d’Ami Barak.
[11] cf. www.institut-charles-cros.eu, rubrique Créativités & Thérapies ».
[12] Le Vent se lève ! Tiers lieu d’art et de culture, propose une programmation libertaire à Paris : lieu artistique et atypique, dans lequel la création est le mode privilégié pour intervenir avec les publics de territoires variés. Dans un mouvement permanent de renouvellement des pratiques, ces démarches permettent de faire circuler les savoirs et de faire évoluer le champ de la création. on ne transforme pas les
[13] Gaston Bachelard, L’eau et les rêves, Paris, José Corti, 1942
Citer cet article
Sylvie Dallet, « L’eau de l’art », [Plastik] : Quand l’art prend soin de vous. Les tropismes du care dans l’art aujourd’hui #06 [en ligne], mis en ligne le 18 avril 2019, consulté le 04 décembre 2024. URL : https://plastik.univ-paris1.fr/2019/04/18/leau-de-lart/